Les neuroleptiques et AINS restent la principale cause d’intoxication chez le chien
L’analyse des données collectées par le CNITV (1) et le CAPAE-Ouest (2) révèle une augmentation constante des appels de propriétaires d’animaux de compagnie (plus de 30 % des appels reçus) avec de nombreux cas d’intoxications par des médicaments humains.
Si le chien reste la première espèce concernée (environ 70 % des appels tous motifs confondus), la médicalisation croissante des chats fait progressivement évoluer la place des félins (près de 25 % des appels reçus).
Chez le chien, les intoxications par les médicaments humains figurent en troisième place après les anticoagulants et le chocolat. Le paracétamol et l’ibuprofène arrivent en tête des principes actifs en cause, notamment lors d’automédication par les propriétaires. Ils sont à l’origine de troubles digestifs sérieux (ulcérations, vomissements parfois hémorragiques) ainsi que de troubles rénaux et parfois hépatiques.
Facilement accessibles au chien, les comprimés laissés sur la table de chevet ou le bureau font l’objet d’ingestion accidentelle. On retrouve dans ce cas un plus large éventail de substances toxiques parmi lesquelles les anxiolytiques (bromazépam, baclofène), les antidépresseurs (fluoxétine, clomipramine), les contraceptifs et progestatifs (qui peuvent entraîner des troubles digestifs voire un avortement chez la femelle gestante) et enfin les anticholestérolémiants.
Le profil d’intoxication du chat est différent en raison de son attirance olfactive pour certains composés (hydrocarbures, détergents, huiles essentielles, ammoniums quaternaires). Anxiolytiques, neuroleptiques et paracétamol apparaissent respectivement en quatrième et cinquième places des toxiques incriminés.
Certains médicaments à usage topique (pommades, spray…) peuvent se révéler dangereux
Dans une communication de janvier 2022, l’ANSES attire l’attention sur les problèmes hormonaux survenant suite au contact répété de l’animal avec des substituts hormonaux appliqués sur la peau du propriétaire, notamment lors du traitement de troubles de la ménopause. Les mâles comme les femelles sont concernés par ces traitements souvent à base d’œstrogènes. L’intoxication peut survenir après un contact direct avec la zone cutanée traitée (ex. bras, cuisses ou abdomen) ou avec les draps du lit de la personne traitée. Les troubles observés peuvent inclure un gonflement de la vulve ou des mamelles chez la femelle, des pertes de poils, voire des hémorragies génitales. La toxicité à long terme des œstrogènes sur la moelle osseuse peut générer des anomalies sanguines fatales au bout de plusieurs mois ou années.
Conseils et mesures de précautions à respecter
De façon générale, il faut absolument déconseiller l’automédication des chiens et chats par leur propriétaire. Outre la toxicité potentielle de certains principes actifs (ex. le paracétamol est très toxique chez le chat dès 50 mg/kg, car il ne le métabolise pas comme l’humain), la dose ne saurait être calculée sur la base d’une simple règle de trois appliquée au poids de l’animal (ex. l’ibuprofène dosé à 30 mg/kg/j chez l’enfant, est toxique chez le chien dès 8 mg/kg/j pendant 30 J). Éviter l’ingestion accidentelle de comprimés en les rangeant strictement hors de portée des animaux (dans un tiroir ou une armoire). Lors de traitement hormonal topique du propriétaire, l’ANSES recommande de :
- se laver les mains après avoir appliqué le gel ou le spray ;
- couvrir les zones traitées avec un vêtement ;
- empêcher tout léchage des zones traitées ;
- éviter de dormir avec ses animaux ;
- en cas de contact direct de l’animal avec une zone traitée, l’empêcher de se lécher et rincer à l’eau les parties du corps qui ont pu être en contact avec le médicament.
N’hésitez pas à réitérer ces conseils lors de la délivrance des médicaments quels qu’ils soient, il en va de la bonne santé des animaux.
1) Centre National d’Information Toxicologique Vétérinaire de Lyon.
2) Centre Antipoison Animal et Environnemental de l’Ouest.
Pour en savoir plus :
S. Queffélec et al., Évolution des appels de toxicologie reçus au CAPAE-Ouest et au CNITV depuis 10 ans.
Le nouveau praticien vétérinaire canine-féline vol 13/n° 60, Juin/septembre 2015 – 151 E. Martin, intoxication aux médicaments humains, https://chuv.umontreal.ca/wp-content/uploads/2014/08/Intoxication-aux-m… ANSES.
Traitements hormonaux humains : attention à ne pas exposer les animaux de compagnie, janv. 2022, https://www.anses.fr/fr/content/traitements-hormonaux-humains-attention… P. Berny et S. Queffélec, Guide pratique de toxicologie clinique vétérinaire, ed. Medcom, 2014, p86
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