L’intérêt des antiparasitaires externes per os

Deuxième segment majeur du marché vétérinaire juste derrière les vaccins, les antiparasitaires offrent de multiples formes médicamenteuses pour traiter chiens et chats. Parmi les antiparasitaires externes (APE), les comprimés, spot-on et colliers longue action sont actuellement les formes les plus plébiscitées. Que penser des comprimés APE dont le développement a été fulgurant ces dernières années ?

Rappel des parasites cibles et mécanismes d’action des APE

Les principaux parasites externes des carnivores domestiques sont les puces, les tiques, les agents des gales, et quelques insectes piqueurs comme les moustiques (vecteurs de la dirofilariose cardiopulmonaire) et phlébotomes (vecteurs de la leishmaniose).

En toute logique, les formes topiques à action de surface ont été développées en premier : poudres, colliers, shampooings et lotions, sprays puis solutions spot-on. Le principe actif (PA) est alors surtout présent sur ou dans la couche superficielle de l’épiderme, où il agit sur le parasite le plus souvent par contact. Certaines molécules (comme la perméthrine) peuvent présenter en plus un effet répulsif, mis à profit dans la lutte contre les maladies vectorielles (leishmaniose, maladie de Lyme, dirofilariose).

Étant donné leur pharmacodynamie, certaines molécules ont permis le traitement des parasites externes par voie systémique : le PA est alors principalement présent dans le sang et les tissus périphériques et élimine le parasite lors de son repas de sang. Ces substances peuvent être administrées par voie :

· Cutanée : solution spot-on permettant le passage transcutané du PA comme certaines lactones macrocycliques (Stronghold^®, Advocate^®) et isoxazolines (Bravecto^® Spot-on chats),

· injectable : benzoylurées (Program^® 80) ou

· Orale : comprimés contenant des isoxazolines (Bravecto^®, Credelio^®, Simparica^®, NexGard^®), des spinosynes (Comfortis^®) ou des néonicotinoïdes (Capstar^®).

Raisons du succès des comprimés

Facilité d’emploi, rapidité d’action et rémanence sont les points clés du succès des comprimés APE.

La durée d’efficacité des comprimés varie selon le parasite cible et la molécule. Contre les puces, elle va de 4 semaines (Credelio^®, Comfortis^®), 5 semaines (Simparica^®, NexGard^®) à 12 semaines (Bravecto^®).

Contre les tiques, elle s’étend de 4 semaines (Credelio^®, NexGard^®), 5 semaines (Simparica^®), à 8-12 semaines (Bravecto^®).

Le spectre antiparasitaire peut s’étendre à la gale et la démodécie (Bravecto^® chien, Simparica^®, NexGard^®).

Il est à noter que les comprimés à base d’isoxazoline sont sur prescription vétérinaire.

Avantages des comprimés versus topiques à action de surface

Parmi les points forts des comprimés vs les topiques, on peut aussi noter :

· Efficacité non modifiée par les bains ou shampooings (encore que certains spot-on très liposolubles résistent bien à l’eau) ;

· Pas de trace ni d’odeur sur la peau, et donc pas de risque de contact lors de caresse par un propriétaire hypersensible.

Qu’en est-il de la sécurité pour l’animal ?

Les principes actifs antiparasitaires libérés par les comprimés ne se trouvent pas sur le corps de l’animal, mais à l’intérieur de celui-ci : leur élimination s’effectue comme pour tout xénobiotique après métabolisation plus ou moins intense. Les isoxazolines sont généralement modérément métabolisées par le foie et des surdosages jusqu’à 5 fois la dose sont bien tolérés. Les effets indésirables éventuels sont surtout digestifs (vomissement, diarrhée) avec une fréquence notée de « très rare » (Simparica^® chien, Credelio^® chat, NexGard^® chien) à « fréquent » (Bravecto^® chien). Ces événements sont généralement de courte durée et disparaissent spontanément. Les résultats de pharmacovigilance montrent que les comprimés APE sont sûrs d’utilisation.

Quand les recommander ? Quels conseils donner ?

Les comprimés APE seront utilement conseillés contre les puces et les tiques à des propriétaires hypersensibles, soucieux de ne pas avoir de contact avec des APE lors de caresses ou plus simplement qui préfèrent ce mode d’administration commode. Attention à bien vérifier le spectre antiparasitaire souhaité, certains comprimés sont actifs contre puces et tiques (Bravecto^®, Credelio^®, Simparica^®, NexGard^®), d’autres seulement contre les puces (Comfortis^®, Capstar^®). Ne pas oublier que la délivrance est subordonnée à la présentation d’une ordonnance, exception faite de Comfortis^® et Capstar^®.

Lorsque l’animal à traiter est en zone à risque de certaines maladies vectorielles (ex. : leishmaniose, babésiose…), les APE topiques répulsifs garderont tout leur intérêt. Signalons enfin que le coût de traitement par les comprimés APE se situant dans la fourchette haute par rapport à beaucoup de topiques, il peut être un critère à prendre en compte pour certains propriétaires.

Avant de proposer un comprimé, bien s’assurer qu’il sera facilement administré à l’animal (caractère de l’animal ? Prend-il facilement des comprimés ? Savez-vous comment administrer un comprimé ?).

S’il est donné avec le repas, indiquez aux propriétaires qu’ils doivent vérifier que le comprimé a bien été ingéré.

Ne pas oublier d’informer les propriétaires sur le fait que le parasite doit prendre son repas de sang pour ingérer l’antiparasitaire : l’observation d’une tique plantée n’est donc pas impossible. Toutefois la tique n’aura normalement pas le temps d’injecter les germes (virus, parasites ou bactéries) avant de se détacher.

Enfin certains comprimés étant aromatisés et ayant bon goût, ils doivent être placés hors de la vue et de la portée de l’animal pour éviter toute consommation excessive volontaire par le chien.

À noter : les listes des noms déposés ne sont pas exhaustives.