Un jeune chien de 4 ans, d’origine inconnue, gardé dans un refuge d’Île de France a déclaré des symptômes de rage le 19 octobre avant de mourir le 25 octobre après avoir mordu plusieurs personnes. La rage a été confirmée le 27 octobre par l’Institut Pasteur, qui a pris en charge les personnes mordues et leur a administré un traitement prophylactique post-exposition. Leurs jours ne semblent pas en danger. Toutes les personnes ayant été en contact avec l’animal mordeur ont également été contactées par l’ARS d’Île de France et seront orientées vers un centre de consultation antirabique en cas de nécessité.
La rage, une zoonose mortelle
La rage est une zoonose qui se transmet à l’homme par la salive de l’animal infecté au cours d’une morsure ou d’une griffure (la transmission interhumaine est exceptionnelle). Après une période d’incubation, en moyenne 30 à 45 jours chez l’homme parfois moins (15 jours chez l’animal), les symptômes apparaissent et conduisent rapidement à la mort dans 100 % des cas. Toutefois chez l’homme, il existe un traitement vaccinal prophylactique qui, pour être efficace, doit être administré après la morsure contaminante, mais avant l’apparition des symptômes. Cette prophylaxie post-exposition doit être réalisée sous contrôle médical dans un centre antirabique et doit débuter le plus tôt possible après l’exposition suspectée. Elle consiste en un traitement local non spécifique (lavage de toutes les plaies au savon et à l’eau et désinfection) suivie de l’administration de plusieurs doses de vaccins soit en intramusculaire soit en intradermique et éventuellement d’une immunisation passive par des immunoglobulines rabiques.
Une course contre la montre demandant une grande coordination
Pour éviter la réapparition de la rage, des mesures strictes de surveillance ont été mises en place. Toute morsure ou griffure par un chien qu’il soit suspect de rage (changement de comportement, modification de la voix, paralysie ou forme furieuse) ou non, ou qu’il soit de provenance inconnue (Afrique ou Asie possible) doit faire l’objet d’une déclaration auprès d’un vétérinaire ou de la direction départementale de protection des populations. Celle-ci s’accompagne d’une surveillance de l’animal par un vétérinaire sanitaire sur une durée de 15 jours, la 1e visite devant avoir lieu dans les 24 heures qui suivent la morsure. Si l’animal mordeur décède au cours de cette période de surveillance (ce qui était le cas chez le chien enragé d’octobre), le vétérinaire doit envoyer le cadavre (ou sa tête) au laboratoire vétérinaire départemental pour faire un diagnostic de rage. Si celui-ci est confirmé, toute personne ayant été mordue ou griffée par l’animal enragé doit se rendre dans un centre antirabique pour y recevoir une prophylaxie post-exposition.
Entre-temps les autorités de santé (ARS) sont prévenues par le vétérinaire sanitaire et se mettent en relation avec toutes les personnes ayant été en contact avec l’animal dans les 15 jours précédant l’apparition des symptômes suspects et jusqu’au jour de son décès. C’est grâce à ces mesures que seuls 23 décès humains liés à la rage en France ont été recensés depuis 1970. Tous étaient dus à une contamination par un chien introduit illégalement en France et provenant de pays endémiques.
L’information, une importance capitale
Si la France est indemne de rage canine sur son territoire, ce n’est pas le cas dans 150 pays (Afrique et Asie surtout) où cette maladie reste endémique et tue, selon l’OMSA(1) plus de 55 000 personnes par an. La vaccination antirabique des carnivores domestiques, obligatoire en France pendant de nombreuses années, ne l’est plus sauf dans certaines situations (camping, refuge) ou lors de voyage à l’étranger. Cette mesure avait permis une prévention efficace de cette zoonose sur le territoire français. Toutefois le risque d’apparition d’un foyer de rage n’est pas aboli en raison de l’importation de chiens venant de pays endémiques. L’information de la population par les professionnels de santé, dont le pharmacien, sur la conduite à tenir en cas de morsure par un chien reste une mesure très importante.
Objectif : éliminer la rage humaine d’ici à 2030 (zero by 30)
En 2018, l’OMS(2), l'OMSA, la FAO(3) et l’alliance mondiale pour le contrôle de la rage ont bâti ensemble un plan stratégique mondial pour l’élaboration et la mise en œuvre de programmes nationaux afin de lutter contre cette maladie. Ces programmes reposent sur la vaccination en masse des chiens afin d’éradiquer la source des contaminations humaines (99 % sont liées à des morsures canines) et l’information de la population pour qu’elle puisse recevoir une prophylaxie post-exposition (40 % des personnes mordues par un animal enragé sont des enfants). Grâce à ses efforts vaccinaux, le Mexique est devenu en 2019 le premier pays au monde à recevoir la validation de l’OMS pour l’élimination de la rage transmise par les chiens. Le Pakistan, la Côte d’Ivoire ont d’ores et déjà affiché des progrès en ce sens, même si la route est encore longue.
(1) OMSA : organisation mondiale de la santé animale.
(2) OMS : organisation mondiale de la santé.
(3) FAO : organisation pour l’alimentation et l’agriculture.
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