PLUSIEURS CAS d’accidents mortels liés à des morsures de chiens ont défrayé la chronique. Au cours des vingt dernières années, 33 décès par morsures de chiens ont été recensés. Le Parlement s’est saisi de la question et a voté un nouveau dispositif renforçant la loi relative aux animaux dangereux. « Ce projet a été établi à partir d’un modèle génétique répartissant quelques races de chiens en catégories d’attaque ou de défense, qui ne repose sur aucune étude épidémiologique », soulignent les auteurs d’une enquête menée par l’Institut de veille sanitaire (InVS) en partenariat avec l’association des vétérinaires comportementalistes, Zoopsy.
L’enquête a été réalisée entre le 1er mai 2009 et le 30 juin 2010 aux urgences de huit hôpitaux : les centres hospitaliers (CH) d’Annecy, de Béthune, de Blaye, de Fontainebleau, le groupe hospitalier du Havre, le centre hospitalier universitaire (CHU) de Limoges, l’hôpital de la Timone à Marseille et le CH de Verdun.
Au cours de la période, 485 recours aux urgences pour morsures de chiens ont été signalés. La moyenne d’âge des victimes était de 28,8 ans, les moins de 15 ans représentant 36 % de la population. Toutefois, contrairement aux résultats de plusieurs enquêtes antérieures, les morsures étaient plus graves chez les adultes que les enfants. Cependant, les auteurs, Cécile Ricard et Bernard Thélot, précisent qu’il « est possible que le fait que le recueil se fasse aux urgences entraîne un biais dans la gravité, les enfants étant plus susceptibles de venir aux urgences pour des lésions moins graves que les adultes ». Les circonstances de la morsure diffèrent aussi en fonction de l’âge : les adultes se font mordre le plus souvent en cherchant à séparer des chiens qui se battent, tandis que, chez l’enfant, la morsure apparaît comme une mise en garde lorsque le chien est irrité. Le fait de connaître le chien mordeur est aussi un facteur de gravité. Les enfants sont mordus le plus souvent au niveau de la tête (64 % chez les moins de 5 ans) alors que les adultes (15 ans et plus) le sont au niveau des membres supérieurs.
Campagnes de prévention.
Les lésions sont le plus souvent des plaies superficielles (61 %). Aucun décès n’a été observé, mais le pronostic vital a été engagé dans deux des cas étudiés. Un mois après la morsure, 2 répondants sur 5 ont déclaré avoir des séquelles, le plus souvent esthétiques (80 %), mais aussi physiques (douleurs, perte de mobilité pour 15 % d’entre eux) ou psychologiques (cauchemars, peurs des chiens, moral affecté pour 5 % d’entre eux). Par ailleurs, 21 personnes ont déclaré un handicap, qu’il soit physique, moteur ou sensitif, et social, consécutif à la cicatrice. Les femmes et les adultes ont déclaré plus de séquelles que les hommes et les enfants. Une deuxième enquête, actuellement en cours, vise à mieux décrire les séquelles et les handicaps déclarés seize mois après la morsure de chien. Les données seront collectées jusqu’en octobre 2011.
L’enquête tord aussi le cou à une idée largement répandue : « Il n’a pas été mis en évidence par cette enquête que certains chiens étaient plus dangereux que d’autres, ni par la fréquence des morsures ni par leur gravité », soulignent Cécile Ricard et bernard Thélot. En revanche, le berger allemand, le labrador, le jack russel, souvent des mâles, sont les plus cités parmi la centaine de races impliquées.
Les auteurs suggèrent que des campagnes de prévention soient menées à l’attention des propriétaires de chien afin d’informer des risques inhérents à leur animal de compagnie. « Ces risques sont le plus souvent méconnus », soulignent-ils. Les enfants « doivent en particulier apprendre à ne pas considérer le chien comme un jouet, mais bien comme un être vivant avec ses réflexes de défense », concluent-ils.
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