Entre 8 000 et 10 000 trousses similaires, contenant coussin hémostatique, stéthoscope, tensiomètres mais aussi des médicaments comme du Primpéran, de l’adrénaline, de la Ventoline, du paracétamol, de l’Imodium ou du Lasilix, circulent en permanence sur le réseau français et même hors des frontières, chaque contrôleur de la SNCF, du Thalys et du TGV en étant pourvu. Les médicaments ne seront administrés que par des passagers médecins, au nombre de trois en moyenne par train, d’après les statistiques.
Ces trousses de secours au logo des compagnies ferroviaires, proviennent toutes de la Pharmacie du Viaduc de Pelussin, un village de 3 500 habitants au cœur du parc du Pilat. Rien ne prédestinait son titulaire, Didier Bœuf, à mettre sur rails l’équipement des trousses de secours. Si ce n’est son envie de se développer sa pharmacie pour en faire aujourd’hui une entreprise de 45 collaborateurs, avec un chiffre d’affaires de 4,5 millions d’euros, diversifiée entre l’activité officinale, les trousses de secours et les préparations magistrales.
Appel d’offres
Tout a commencé par un mailing adressé par ce confrère aux entreprises de la région Rhône-Alpes, mettant en évidence un besoin important des infirmières du travail en matériel de soins. L’essor de cette demande donne au pharmacien l’idée de répondre à un appel d’offres de la SNCF concernant l’équipement des trousses de secours dont doit être doté chaque train. Didier Bœuf arrache alors le marché à un confrère lillois et, depuis plus de vingt ans, il ne le lâche plus. « Au début, nous nous contentions d’envoyer les produits à la SNCF. Mais très rapidement nous nous sommes aperçus que ces trousses restaient incomplètes, voire contenaient des produits et des objets parfois insolites. Les contrôleurs allaient se réapprovisionner auprès de la pharmacie de la gare en achetant des produits conseils », se souvient Didier Bœuf. Il alerte alors la direction générale à Bercy sur ces irrégularités : « si demain vous devez faire face à un incident majeur sur l’une de vos lignes, vous encourriez de graves problèmes ».
À toute vitesse
Il ne savait pas que l’histoire lui donnerait - en partie - raison. Car la SNCF, sensible à ses arguments, lui confie alors la gestion des trousses. C’est ainsi que 7 000 à 8 000 trousses transitent chaque année par Pelussin pour être vérifiées, complétées à hauteur de 60 références, et scellées. Moins de trois jours plus tard, elles sont remises en circulation. La traçabilité est absolue grâce à un logiciel qui enregistre tous les mouvements sur chaque trousse. « Dotées chacune d’un numéro spécial, elles sont rappelées pour péremption d’un produit, ou encore en cas de rappel de lot », expose le pharmacien. Il relate ainsi l’exemple du Spasfon injectable dont étaient autrefois pourvues les trousses et qui avait dû être rappelé pour floculation.
Ces trousses d’une valeur de 100 euros évoluent avec le temps. Et c’est là qu’intervient la compétence du pharmacien. « Le contenu identique dans tous les trains a été déterminé par le médecin référent de la SNCF, mais il est modifié en fonction des bénéfices/risques. Autrefois, par exemple, nous mettions du glucose injectable, aujourd’hui un carré de sucre suffit », précise Didier Bœuf.
Pièce à conviction
Le pharmacien réajuste en fonction des statistiques, la crise d’asthme détenant la palme des incidents à bord. En effet, grâce au dispositif de traçabilité, le pharmacien et son équipe connaissent la vie de chaque trousse. Et la raison de chaque usage. Si la plupart des trousses sont utilisées pour des pathologies courantes, d’autres connaissent un destin plus tragique. « L’une d’entre elles a ainsi servi un jour à soigner un passager qui s’était tiré une balle dans les toilettes », se souvient Didier Bœuf. Une autre trousse de secours risque en revanche, de ne jamais connaître le chemin du retour vers la Pharmacie du Viaduc. Celle du wagon 12 du Thalys 9364. Elle a été placée sous scellés par les enquêteurs.
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