PLUS D’UN TIERS des topiques prescrits dans l’acné sont des antibiotiques. L’apparition de résistances de Propionibacterium acnes est inquiétante : « Une fois sélectionnée chez un patient, l’antibiorésistance ne disparaît jamais complètement et les rechutes sont plus rapides », explique le Dr Stéphane Corvec (CHU de Nantes). « Elle peut même conduire à un risque de diffusion à l’entourage ou à l’environnement proche du patient. » En effet, poursuit-il, les mécanismes de résistance sont transférables par contacts rapprochés ou échanges génétiques.
Le concept des biofilms.
Dans ce contexte, les nouvelles stratégies s’orientent vers des thérapies non antibiotiques, non sélectionnantes, immunomodulatrices, anti-biofilm.
« En effet, le concept récent de biofilm pourrait expliquer la virulence de P. acnes et certains échecs thérapeutiques, poursuit le Dr Corvec. Cette organisation en biofilms permet à la bactérie de s’isoler du milieu environnant ; elle lui procure une protection mécanique face à certains traitements. Ce bouclier lui sert aussi de coque pour résister aux défenses immunitaires. »
Une bombe inflammatoire.
Comme l’explique le Pr Brigitte Dreno (CHU de Nantes), « l’acné est avant tout une pathologie inflammatoire et non infectieuse, alors pourquoi se précipiter sur la prescription d’antibiotiques en première intention dans le cas d’acné débutante et modérée ? » P. acnes est une bombe inflammatoire, il augmente la production de sébum, interagit avec les kératinocytes du follicule pilosébacé en modifiant leur différenciation. Protéine de la différenciation, la fillagrine s’exprime trop tôt, les kératinocytes s’éliminent mal et créent un bouchon qui obstrue le canal folliculaire et conduit à la formation des comédons. La bactérie stimule l’immunité innée et la formation de cytokines responsables des lésions inflammatoires (papules, pustules, nodules).
Plusieurs modalités thérapeutiques sont recommandées en fonction de la sévérité :
– acné minime inflammatoire : l’antibiothérapie locale doit rester l’exception ; en première intention, on privilégie le peroxyde de benzoyle (PBO) qui n’induira pas de résistance ; en cas d’intolérance, on propose une rétinoïde topique ou un antibiotique local associé à un rétinoïde local ;
– acné modérée à sévère : une antibiothérapie (AB) systémique est souvent nécessaire, notamment cyclines sans dépasser 4 mois de traitement ; en cas de formes très étendues, y associer un traitement local (rétinoïde ou PBO ou les deux) ; ne jamais associer AB local et AB systémique.
Rappelons les solutions alternatives proposées par Galderma : Epiduo gel (PBO + adapalène) ; Curaspot (PBO 5 %), Cetaphil Dermacontrol mousse nettoyante et crème hydratante SPF30. Enfin, signalons que la commercialisation d’Eryacné 4 % solution cutanée antibiotique sera arrêtée fin 2014.
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