Hausse des hospitalisations, des décès, de la dépendance… Les problèmes liés à la mauvaise utilisation des antalgiques opioïdes ont augmenté en France ces dix dernières années.
En dix ans, la consommation d’antalgiques opioïdes a progressé, ce qui signe une meilleure prise en charge de la douleur, selon un rapport de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Mais parallèlement, leur mésusage a connu une inflation. Ce mésusage expose à un risque de dépendance, de surdosage et de dépression respiratoire pouvant conduire au décès.
Ainsi, le nombre d'hospitalisations liées à la consommation d'antalgiques opiacés a presque triplé entre 2000 et 2017, passant de 15 à 40 hospitalisations pour un million d’habitants (+167 %). Le nombre de décès a bondi de 1,3 à 3,2 décès pour un million d’habitants (+156 %) entre 2000 et 2015, avec au moins quatre décès par semaine.
La substance la plus impliquée dans les intoxications rapportées est le tramadol, suivie de la morphine et de l’oxycodone. De plus, « la problématique touche principalement des patients qui consomment initialement un antalgique opioïde pour soulager une douleur et qui développent une dépendance, et parfois le mésusent. Les femmes sont majoritairement concernées », détaille l'ANSM.
La situation n'est toutefois « sans aucune commune mesure avec la catastrophe sanitaire que connaissent les États-Unis (avec plus de 17 000 décès en 2016), car la France dispose de meilleurs garde-fous pour encadrer la prescription de ce type de médicaments », commente Nathalie Richard, directrice adjointe des médicaments antalgiques et stupéfiants à l'ANSM.
Selon les conclusions du rapport, on pourrait encore améliorer l'information des patients et la formation des professionnels de santé. Déjà, « une prescription d'antalgique opioïde doit systématiquement s'accompagner d'une information au patient sur le traitement et sur son arrêt, et d'une surveillance de ces risques », souligne l'ANSM. Ensuite, il y a trop de prescriptions pour des types de douleurs pour lesquelles les opioïdes ne sont pas recommandés ou pas les plus efficaces (migraines, fibromyalgie, arthrose…). Enfin, « on pourrait faciliter la prise en charge non médicamenteuse des douleurs », suggère l'ANSM, avec des pratiques telles que la psychothérapie, la kinésithérapie ou encore la sophrologie, afin de diminuer les doses prescrites et les effets indésirables des antidouleurs.
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