Antiacides et anticancéreux ne font pas bon ménage

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Publié le 14/02/2019

Chez les patients atteints de sarcome et traités par Votrient (pazopanib), l'utilisation concomitante d'un médicament diminuant l’acidité gastrique réduit considérablement la survie.

Mopral, Inexium, Azantac… Ces médicaments antiacides ne devraient plus être utilisés avec le Votrient (pazopanib), un anticancéreux indiqué dans les sarcomes des tissus mous métastatiques. En effet, le recours à ces spécialités diminue la survie des patients, selon une étude publiée dans la revue « Clinical Cancer Research ».

« Nos résultats indiquent que les antiacides réduisent l'absorption et donc l'efficacité du pazopanib, qui a besoin du pH acide de l’estomac pour se dissoudre », explique le Dr Olivier Mir, oncologue médical et pharmacologue à Gustave Roussy. « Les médecins et les pharmaciens devraient particulièrement surveiller les patients qui prennent ces deux traitements simultanément, car leur association peut avoir un impact négatif significatif. »

Des travaux antérieurs avaient déjà montré que les antiacides réduisaient le taux de pazopanib dans le sang des patients. Mais cette étude objective l’impact négatif sur leur survie.

Dans le détail, les auteurs ont analysé les données de 333 patients inclus dans deux essais cliniques menés par GlaxoSmithKline pour demander l'autorisation de mise sur le marché du Votrient. Résultat, chez ceux qui ont pris un antiacide pendant au moins 80 % du temps de leur traitement au pazopanib, la durée médiane de survie sans progression du cancer a été de 2,8 mois, contre 4,6 mois chez ceux qui n'ont pas utilisé d’antiacide. Leur survie globale médiane était de 8 mois contre 12,6 mois dans le groupe sans antiacide.

Rappelons que les médicaments antiacides sont très utilisés en oncologie. On estime que jusqu'à 50 % des personnes qui suivent un traitement contre le cancer en prennent. Et certains antiacides étant en vente libre en Europe (notamment en France), les patients ne signalent pas toujours à leur cancérologue qu’ils y ont recours. Enfin, l'usage des antiacides n'est pas toujours justifié. « Les patients y ont souvent recours pour soulager des douleurs abdominales, mais celles-ci ne sont pas toujours directement liées à l'acidité de l'estomac », avance Olivier Mir. Ils pourraient avoir recours à un traitement différent, et plus efficace, pour soulager ces symptômes.