Selon RESAPATH, le réseau qui collecte les données d’antibiogrammes de bactéries animales de 96 départements français, la résistance aux céphalosporines de dernières générations s’élève à 5 à 10 %, chez les veaux, les chiens et chats, ainsi que chez les équidés. Il note une décroissance importante chez les poulets, porcs et dindes, contrairement aux veaux. Les taux de résistance aux fluoroquinolones, compris entre 5 et 22 %, restent élevés chez les bovins, ainsi que chez les chiens et les porcs, mais la tendance générale, toutes espèces confondues, est à la baisse ou à la stabilisation.
Une bonne nouvelle, alors que les ventes d’antibiotiques vétérinaires ont connu un pic en 2014 : 781,5 tonnes vendues, soit une hausse de 11,8 %. Pourtant, depuis 2007, les tonnages vendus n’ont cessé de décroître en France. Gérard Moulin, directeur de recherches à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), explique cette hausse par le stockage des acteurs de la distribution et/ou de la délivrance d’antibiotiques vétérinaires en fin d’année 2014, à la veille de la suppression des remises, rabais et ristournes exigée par la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt (LAA). L’explication est corroborée par la baisse de 40 % du chiffre d’affaires des fabricants concernés au premier trimestre 2015. Malgré ce pic indésirable, le tonnage vendu en 2014 est en baisse de 23 % par rapport à 2010.
Conséquence du potentiel stockage, la hausse des ventes ne refléterait pas la consommation réelle d’antibiotiques par les animaux, ce qui rend difficile l’évaluation de leur exposition aux antimicrobiens. De fait, cette exposition en 2014 est en hausse de 13,1 %. L’ANSES juge ce résultat non pertinent et annonce que « le rapport des ventes de l’année prochaine calculera l’exposition en incluant les données de vente sur les années 2014 et 2015 afin de lisser un éventuel phénomène de stockage ».
Bons résultats
Les ventes se répartissent inégalement sur les 15 familles d’antibiotiques puisque six familles représentent 92 % du total des ventes : tétracyclines, sulfamides, pénicillines, macrolides, aminoglycosides et polypeptides. Les seules tétracyclines occupent 39 % des parts de marché, bien que leurs ventes aient été divisées par deux entre 2007 et aujourd’hui. Mais, bonne nouvelle, si l’exposition aux antimicrobiens a globalement augmenté, les antibiotiques critiques font exception. Les ventes de céphalosporines de 3e et 4e génération chutent de 12 % toutes espèces confondues : -11,7 % pour les bovins, -36,8 % pour les porcs et -3,2 % pour les carnivores domestiques. C’est le cas également des fluoroquinolones dont la baisse globale est de 3,5 %, avec de bons résultats chez les bovins et les porcs. Elles sont cependant en forte augmentation chez les volailles (+21,5 %). Au total, les antibiotiques critiques ne représentent que 0,9 % des ventes globales. Là encore, l’ANSES prévient que la baisse de l’exposition pourrait être plus conséquente si le stockage se vérifie.
Ces bons résultats montrent que les mesures mises en place portent leurs fruits et que « le message est passé », comme le souligne Gilles Salvat, directeur de la santé animale et du bien-être des animaux à l’ANSES. L’objectif de réduction de l’usage des antibiotiques en santé animale du plan EcoAntibio 2012-2017, devrait être atteint. Reste à s’atteler à l’objectif fixé par la LAA : une baisse de l’utilisation des céphalosporines et des fluoroquinolones de 25 % en trois ans, sur la base des données de 2013.
Le rapport de l’ANSES fait état de la répartition des ventes par espèces. Les plus gros consommateurs restent les porcs (35,6 % du tonnage d’antibiotiques), devant les bovins (23 %) et les volailles (22,7 %). Ces résultats doivent être considérés avec précaution car la répartition des antibiotiques par espèce est une estimation des laboratoires, qui n’ont pas la possibilité de vérifier en vie réelle l’usage effectif de leurs médicaments.
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