C’EST EN PARTIE en raison de difficultés d’ordre logistique, et de l’absence d’un examen simple et rapide, que de 70 à 80 % des patients ayant un syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) ne sont pas reconnus. Les médecins barcelonais ont évalué, dans une cohorte de 301 patients adultes (18 à 82 ans), la corrélation entre la sévérité du SAOS, appréciée par l’indice d’apnée-hypopnée (AHI), et le résultat de différentes investigations : l’échelle FTP, la taille des amygdales (TS), l’examen de la luette, la mesure de la perméabilité nasale par la rhinomanométrie, ainsi que plusieurs variables : sexe, âge, indice de masse corporelle (IMC) et périmètre cervical.
L’échelle FTP, dérivée de l’échelle de Mallampati (qui évalue la liberté des voies respiratoires avant une intubation trachéale), établit un score à partir de la position de la langue dans la bouche. Dans le grade 1, l’examen de la cavité orale permet de voir la luette, le voile du palais et les amygdales?; dans le grade 2, ces dernières ne sont pas visibles ; dans le grade 3, le voile du palais est visible mais non la luette ; enfin, dans le grade 4, seul le palais dur (osseux) est visible.
L’amygdalectomie délétère.
Les Espagnols ont mis en évidence une relation significative entre les valeurs d’AHI et le score FTP, la TS, le score de la luette, l’IMC, le périmètre du cou et l’âge, mais c’est avec les valeurs du FTP que la corrélation était la plus forte. Près de trois quarts (74,1%) des patients avaient un score FTP de 2 ou 3. L’ensemble des malades avec un score FTP de 1 avaient un AHI inférieur à 16 épisodes d’apnée-hypopnée/heure. Les valeurs d’AHI chez les sujets avec un FTP de grade 3 allaient de 32 à 48 par heure et tous les patients à grade FTP de 4 avaient des valeurs AHI supérieures à 30 par heure, soit un SAOS sévère. Près de trois malades sur quatre (71,6 %) avec un score FTP de 3 avaient un syndrome d’apnées du sommeil grave.
Les auteurs notent aussi un fait surprenant : les valeurs d’AHI chez les malades dont les amygdales avaient été retirées dans l’enfance étaient élevées et la plupart présentaient un SAOS modéré à sévère (67 % d’entre eux avaient un AHI supérieur à 15 épisodes/heure). Enfin, une analyse prédictive de régression multiple montre que, parmi l’ensemble des critères diagnostiques explorés, le score de Friedman est le seul à objectiver une relation solide avec la sévérité du SAOS.
Les méthodes de diagnostic du SAOS actuellement utilisées sont imparfaites ; la polysomnographie, en particulier, est coûteuse et elle prend du temps. L’étude de Christian Domingo et coll. montre que la mesure du score de Friedman, un examen simple et rapide, est le meilleur élément prédictif de la gravité du syndrome d’apnées obstructives du sommeil, par rapport à l’examen de la luette, la mesure de la perméabilité nasale ou des critères tels que le sexe (la maladie étant plus fréquente chez les hommes) ou l’IMC.
Le tour de cou.
Le périmètre cervical est le second facteur prédictif (après le FTP) de sévérité du SAOS, ce qui suggère la contribution de l’obésité, à l’étage cervical, dans le processus pathologique, alors que, en revanche, l’obstruction nasale semble avoir un rôle mineur. Une découverte étonnante de ce travail est le fait que l’amygdalectomie faite dans l’enfance, loin de protéger contre le développement des apnées obstructives du sommeil, semble les favoriser...
Tout en tenant compte de certaines limites de cette étude (son caractère ambulatoire, le fait que la cohorte de patients était d’ethnie blanche*), ses résultats suggèrent qu’il est possible d’optimiser le diagnostic du syndrome d’apnées obstructives du sommeil à l’aide d’un examen simple, réalisable en médecine de ville, et de pouvoir, ainsi, améliorer la sélection des patients susceptibles de bénéficier de son traitement.
Ch Domingo et coll. Oropharyngeal examination to predict sleep apnea severity. Arch Otolaryngol Head Neck Surg (octobre 2011). Publié en ligne.
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