« IL EST TOUJOURS DIFFICILE de sortir des sentiers battus et de bousculer les principes bien établis d’un traitement qui fait consensus et qui est enseigné aux professionnels de santé et aux patients depuis des années, déclare prudemment le Pr Philippe Devillier, pharmacologue (hôpital Foch à Suresnes). Jusqu’alors, la prise en charge de l’asthme persistant recommandait de bien distinguer le traitement de fond et celui de la crise ; la nouvelle modalité du traitement fond et symptômes a fait évoluer les données. Pour les patients qui, malgré leur traitement de fond ont des symptômes d’asthme qui persistent, d’autres modalités de traitement existent. » Selon les recommandations internationales, l’objectif du traitement de fond consiste à la fois à contrôler l’asthme au quotidien et à prévenir le risque futur en limitant la survenue des exacerbations. En plus du fardeau socio-économique qu’elles représentent pour le système de santé, les exacerbations sont responsables d’une dégradation progressive de la fonction pulmonaire et conduisent à une hospitalisation. La prévention des exacerbations sévères est reconnue comme un objectif majeur de la prise en charge globale de la maladie. Les bêta2-agonistes de courte durée d’action, indiqués pour les contrôler à la demande en ambulatoire, procurent un soulagement temporaire mais n’améliorent pas l’inflammation bronchique sous-jacente ; leur surconsommation comme traitement de secours peut retarder la mise en route d’un traitement efficace.
En revanche, l’action d’une association fixe de corticoïde inhalé et de bêta2-agoniste d’action rapide et prolongée permet à la fois une bronchodilatation rapide et une réduction de l’inflammation aiguë des voies aériennes. Cette stratégie d’utilisation a été validée par les recommandations internationales. Une étude clinique multicentrique a été menée pendant 48 semaines sur 1 700 patients présentant un asthme insuffisamment contrôlé. Les patients ont été randomisés pour recevoir à la demande, soit l’association béclométasone-formotérol 100/6 µg, soit du salbutamol 100 µg, en complément du traitement de fond par béclométasone-formotérol 100/6 µg, deux fois par jour. Les résultats montrent que l’association fixe béclométasone 100 µg et formotérol 6 µg est plus efficace sur la réduction des exacerbations sévères (36 %) lorsqu’elle est administrée comme traitement de fond et à la demande, que lorsqu’elle est utilisée uniquement comme traitement de fond (avec alors un traitement à la demande par salbutamol). Ces résultats complètent ceux d’études précédentes démontrant l’efficacité d’une autre association (budésonide-formotérol) comme traitement de fond et en cas de symptômes de l’asthme. Il conviendra dans le futur d’évaluer spécifiquement l’effet sur les exacerbations de l’administration d’une dose supplémentaire de corticostéroïdes de façon régulière plutôt qu’à la demande.
Les pharmaciens en première ligne.
Désormais, Innovair spray peut être prescrit à la fois en traitement continu de fond, pour traiter en permanence l’inflammation sous-jacente et la bronchoconstriction qui l’accompagne, mais aussi, en cas de besoin, pour soulager les symptômes d’asthme, grâce à la rapidité d’action du formotérol chez les patients, insuffisamment contrôlés, prenant quotidiennement ce médicament. L’asthmatique a donc la possibilité de compléter son traitement de fond par des inhalations supplémentaires d’Innovair (la dose maximale journalière est de huit inhalations : deux pour le traitement de fond et six pour le traitement des symptômes). « Une nouvelle relation s’installe entre lui et le médicament, il doit toujours avoir avec lui un spray d’Innovair. Il est important de lui expliquer ce changement et de lui faire comprendre les bénéfices de cette nouvelle modalité d’administration, souligne le Dr Yvan Martinat, pneumologue libéral à Lyon. Des actions de communication et d’information doivent être menées pour que la prescription soit bien expliquée et bien comprise ; un plan d’action doit être précisé sur l’ordonnance et le patient doit être revu au bout d’un mois. Seuls peuvent être concernés les patients responsabilisés, acteurs de leur santé, observants et bons percepteurs de leur maladie. »
Les bénéfices sont nombreux : un seul inhalateur pour le fond et les symptômes, un dispositif simple et familier (spray), une sensation de prise, un dosage unique, pas de débit inspiratoire minimal requis ; globalement plus d’efficacité, de simplicité, et de soulagement immédiat en cas de crise. « Il y a des échecs par méconnaissance ou abandon du traitement. Par ailleurs le mythe de la Ventoline reste très ancré dans les réflexes des asthmatiques. Il faut convaincre les pneumologues ; certains sont réticents, voire opposés, à cette nouvelle modalité thérapeutique, poursuit le pneumologue. Les deux autres acteurs de santé à informer en priorité sont les médecins généralistes et les pharmaciens. Ils sont en première ligne lors de la prescription et de la dispensation, leurs recommandations et leurs conseils sont essentiels pour garantir une bonne observance du traitement », insiste-t-il.
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