Quels sont les bénéfices et les risques du jeûne vis-à-vis du cancer ? Quels sont les bénéfices et les risques des régimes restrictifs (restriction calorique, glucidique, protéique) vis-à-vis du cancer ? C’est pour répondre à ces deux questions que le Réseau national alimentation cancer recherche (NACRe) a lancé une expertise collective et a entrepris une revue systématique des données biomédicales et socio-anthropologiques sur le sujet.
La conclusion publiée dans son rapport, « Jeûne, régimes restrictifs et cancer », est sans appel : « Malgré une médiatisation importante du jeûne et des régimes restrictifs, l’analyse globale des connaissances scientifiques disponibles, en particulier cliniques, ne permet pas de conclure à l’intérêt de ces régimes en prévention des cancers ou au cours des traitements de cancers. »
Depuis plusieurs années, ce type de régime (jeûne, restriction calorique, glucidique, protéique) jouit d’un certain engouement auprès du grand public du fait de potentiels effets sur le bien-être, sur la réduction du risque de maladies ou même sur la tolérance de certains traitements…
Les études chez l’être humain sont peu nombreuses et de faible qualité ; celles chez l’animal – plusieurs centaines – présentent des résultats divergents et des limites importantes, qui ne permettent pas d’extrapoler directement les conclusions à l’être humain. Toutefois « la revue systématique et l’analyse des données scientifiques » montrent « qu’il n’y a pas de preuve d’un effet protecteur chez l’être humain en prévention primaire (à l’égard du développement des cancers) ou d’un effet bénéfique pendant la maladie (qu’il s’agisse d’un effet curatif ou d’une optimisation de l’effet des traitements des cancers) ».
Rôle des professionnels de santé
Les auteurs du rapport invitent les professionnels de santé à la vigilance. En effet, le jeûne est un fait social que les médecins et soignants ne peuvent ignorer. Les patients fondent de nombreux espoirs dans les médecines complémentaires, et en particulier dans ces régimes restrictifs… or, ceux-ci ne sont pas sans conséquence. « Certaines études mettent en évidence une perte de poids et de masse musculaire associée aux régimes restrictifs pouvant entraîner, au cours des traitements des cancers, un risque d’aggravation de la dénutrition et de la sarcopénie, deux facteurs pronostiques péjoratifs reconnus », écrivent-ils. Par conséquent, le rôle des professionnels de santé est essentiel : être à l’écoute des attentes, informer sur l’état actuel des connaissances, sensibiliser sur les risques, notamment celui de dénutrition… instaurer un dialogue constructif avec le patient est donc indispensable. Et s’il souhaite tout de même s’engager dans une démarche de ce type, une attention particulière doit être apportée, à travers une évaluation et un suivi nutritionnel régulier. L’institut national du cancer (INCa) a mis à leur disposition une fiche repères qui synthétise les conclusions du réseau NACRe.
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