Les Français n’en sont pas à un paradoxe près. 95 % d’entre eux pensent que la grippe peut être une maladie grave, 90 % savent que l’on doit se faire vacciner tous les ans, comme le souligne le Pr Olivier Lyon-Caen, neurologue et médecin-conseil national de l’assurance-maladie*. Pour autant, poursuit-il, 53 % de la population persiste à croire que le vaccin serait un danger pour la santé, et 52 % pensent même qu’il provoque la grippe !
Premier rôle des professionnels de santé : démythifier la vaccination antigrippale à grand renfort de pédagogie. « Il faut rappeler à la population l’innocuité d’un vaccin qui utilise un virus inactivé », martèle le Pr Bruno Lina, président du conseil scientifique du Groupe d’expertise et d’information sur la grippe (GEIG), responsable du Centre national de référence des virus des infections respiratoires et chef de service de virologie et bactériologie à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon. Face aux patients qui objectent sur une efficacité relative du vaccin, il conseille d’expliquer la variation des souches, notamment en cours d’épidémie, constat plaidant en faveur d’une vaccination précoce, en début de saison. Autre argument, s’il ne peut effectivement éviter la grippe à 100 %, le vaccin en atténue les complications infectieuses et surtout diminue les risques d’hospitalisation.
Impliquer l'entourage
Deux catégories de population, en bonne santé, doivent être particulièrement la cible de ces messages. Tous les sujets encourent à partir de 65 ans un risque accru de surinfection, du fait de leur âge, rappelle le Pr Lina ; « les immuniser contre la grippe, c'est leur assurer qu'ils vieilliront en bonne santé », précise-t-il. Deuxième cible : les femmes enceintes, dont 7 % seulement sont vaccinées contre la grippe. « On néglige encore trop souvent les effets tératogènes de la grippe, comme les fausses couches ou les risques de mort fœtale, in utero », signale le Dr Bénédicte Coulm, sage-femme et épidémiologiste. L’ensemble des professionnels de santé, pharmaciens compris, est donc appelé à communiquer avec ces femmes qui se sentent en bonne santé mais dont le système immunitaire est modifié en raison de la grossesse. L’assurance-maladie rappelle que médecins généralistes et pharmaciens sont habilités à imprimer des bons de vaccination pour cette catégorie de patientes. Bénédicte Coulm en appelle particulièrement à la force de conviction des officinaux, personnes-ressources par excellence des femmes enceintes. Selon elle, un autre argument doit faire mouche auprès des femmes enceintes : vaccinées elles protégeront leur enfant à naître pendant les six premiers mois de sa vie, période pendant laquelle il ne peut être vacciné.
La protection par le cocooning doit également être le cheval de bataille des professionnels de santé. Cette approche vaut aussi pour les proches de personnes âgées très fragiles, notamment celles résidant en EHPAD. Car si une immunosénescence est avérée dans ces populations, leur vaccination, jointe à celle de leur famille et des personnels soignants, permet de faire barrage efficacement aux virus. « Rappelons que la grippe est un facteur de perte d’autonomie de la personne âgée bien supérieur à la fracture de la hanche », conclut le Pr Lina.
* Citant une enquête Omnibus/BVA de septembre 2018.
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