LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. – Doit-on aborder la question du sevrage tabagique au comptoir ?
BRIGITTE DEFOULNY . – On doit en effet poser cette question cruciale, mais en sachant amorcer le dialogue et en s’adressant à la bonne personne. Par exemple, quelqu’un vient vous trouver en évoquant une pathologie respiratoire dans son entourage ou la concernant directement. Vous pouvez très simplement lui demander si elle fume ou si une personne de son entourage est un fumeur. Souvent c’est le cas. Poursuivez alors en lui demandant si elle a déjà envisagé d’arrêter et ce qui la motiverait à le faire ? Et, tout naturellement, le dialogue est engagé. Ce qu’il est important d’évaluer c’est la motivation de la personne. Les arguments les plus fréquemment opposés sont la peur de prendre du poids, le mauvais moment pour s’arrêter, les tentatives ratées… Si la personne est prête, l’étape suivante consistera à évaluer son niveau de dépendance en vous appuyant sur le test de Fagerström, sachant que 2 questions sont essentielles : le nombre de cigarettes consommées par jour et le moment de la première prise. Vous pourrez proposer alors de mettre en place un traitement substitutif. L’important est de bien évaluer la dose nécessaire à la personne ainsi que la forme de produit qu’elle préfère et qui est la mieux adaptée à son mode de vie.
Comment établir un bon suivi ?
Si un client vient chercher en automédication un dispositif de substitution, il convient alors de s’assurer du bien-fondé de son traitement : quelle forme de substitut prend-il, à quel dosage, qui la lui a conseillé, mais aussi depuis quand l’a-t-il commencé et ressent-il une sensation de manque ? Il faut évaluer le degré de sa dépendance pour vérifier que son traitement est bien adapté. Cela n’est pas toujours le cas et, bien souvent, les candidats au sevrage ressentent un manque du fait d’un sous-dosage de leurs dispositifs ; mais il peut aussi s’agir d’un surdosage. Proposez d’établir un suivi de la personne une fois tous les quinze jours ou une fois par mois. Rappelez-lui également qu’il faut 3 à 6 mois pour mener à bien un sevrage tabagique, qu’il ne faut pas arrêter trop tôt sous peine de rechute et que l’arrêt du traitement substitutif doit être fait progressivement, certaines personnes développant une dépendance face aux produits.
Comment mettre toutes les chances de son côté ?
Le sevrage réussira si la personne est motivée, mais elle doit être consciente du temps que peut prendre la démarche et des faux pas toujours possibles : il peut y avoir des rechutes sans que le sevrage soit menacé mais, en revanche, il faut contourner les situations et les habitudes à risque (café, alcool, soirées…). Il est indispensable de casser les rituels en changeant ses gestes, en anticipant une envie de fumer par la prise d’un substitut. L’approche psychologique et le suivi d’une personne en sevrage sont très intéressants. De plus, c’est un facteur de fidélisation important pour la clientèle !
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Françoise Amouroux
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