Ainsi que l’a rappelé le Dr Simon Pernot (Service d’oncologie digestive, Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris), les cancers gastriques arrivent au 13e rang des cancers dans notre pays (environ 6 600 nouveaux cas diagnostiqués annuellement. En baisse depuis les années quatre-vingt, notamment grâce à un meilleur contrôle des facteurs de risque mais surtout à l’éradication d’Helicobacter pylori qui réduit de moitié le risque de cancer gastrique), l'affection est le 8e cancer en termes de mortalité, avec une survie à 5 ans de seulement 28 % chez les femmes et 23 % chez les hommes (en 2018 : 2 800 décès chez l’homme, 1 500 chez la femme). À côté de l’infection à Helicobacter pylori, les principaux autres facteurs de risque sont représentés par le reflux gastro-œsophagien (et donc l’obésité) et le tabagisme.
Un diagnostic fréquemment tardif
Survenant majoritairement vers 65 à 75 ans chez les hommes et 75 à 85 ans chez les femmes, le diagnostic est souvent fait à un stade avancé. En effet, plus de la moitié des patients présentent initialement une forme localement avancée ou métastatique, ce qui impacte négativement le pronostic. Les signes qui doivent attirer l’attention sont essentiellement représentés par un syndrome ulcéreux, une dyspepsie, des difficultés à avaler (dysphagie), des vomissements, une perte de poids récente inexpliquée, ainsi qu’une anémie ferriprive. Le diagnostic est réalisé par une fibroscopie œsogastrique, complétée par un scanner pour le bilan d’extension.
Des séquelles fonctionnelles parfois lourdes
Le type de prise en charge dépend non seulement du volume tumoral, mais aussi de la localisation. C’est ainsi qu’on distingue classiquement les cancers de l’estomac proprement dit (cancers du corps, de l’antre et de la grosse tubérosité) et ceux de la jonction œso-gastrique. Et bien sûr, selon l’existence éventuelle d’une ou plusieurs métastases.
Selon le cas de figure, le chirurgien pratique une gastrectomie partielle (des 4/5e) ou une gastrectomie totale ; avec des conséquences fonctionnelles très différentes. La chimiothérapie péri-opératoire (pré et si possible aussi postopératoire : mais seulement 60 % des patients peuvent recevoir une chimiothérapie postopératoire) occupe une place relativement importante, elle vise à diminuer le risque de récidive, permettre une résection chirurgicale ultérieure ou, en cas de métastases un traitement palliatif. On utilise en France, le cisplatine, l’oxaliplatine (en lieu et place du cisplatine), le 5-fluorouracile (ou la capécitabine - Xéloda, précurseur du 5 FU administré par voie orale), l’irinotécan, le taxotère, le docétaxel, le trastuzumab (si la tumeur est HER2 positive), le ramucirumab (un antiangiogénique), le plus souvent en association. À noter, l’arrivée prochaine d’une nouvelle chimiothérapie orale : une association (Lonsurf) trifluridine (analogue nucléosidique de la thymidine) + tipiracil (inhibiteur de la thymidine phosphorylase), considérée comme un « super 5-FU ».
Actuellement, la survie à 5 ans, est de l’ordre de 60 % pour les cancers localisés, 20 % pour les cancers localement avancé et moins de 5 % dans les formes métastatiques.
60 % des patients sont dénutris
La prise en charge nutritionnelle doit être la plus précoce possible, a souligné Emmanuel Heuze, diététicien spécialisé en oncologie. De fait, 60 % des patients atteints d’un cancer gastrique sont dénutris ; la dénutrition ou le risque de dénutrition correspondant à la perte de plus de 5 % du poids initial au cours des 6 derniers mois, ou à un IMC inférieur à 18,5 avant 70 ans ou 21 après. Et de rappeler que, selon les recommandations, tous les patients doivent bénéficier d’une évaluation de leur statut nutritionnel au moment du diagnostic… ce qui est actuellement loin d’être toujours le cas. Pourtant, il existe une relation entre la perte de poids (voire la sarcopénie), les effets secondaires du traitement et la durée de survie.
Le pharmacien a matière en ce domaine à relayer des conseils diététiques de base et à accompagner la prise en charge nutritionnelle, notamment en péri-opératoire (pharmaco-nutrition, compléments nutritionnels oraux), en conseillant au patient de varier les parfums et les textures.
Pour en savoir plus : Thésaurus national de cancérologie digestive : www.snfge.org Institut national du cancer : www.e-ancer.fr Société Française de Pharmacie Oncologique : http://oncolien.sfpo.com OMEDIT : www.omeditbretagne.fr Réseaux de cancérologie : http://corali.oncorif.fr Association Francophone des Soins Oncologiques de Support : www.afsos.org
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques