VÉRITABLE PHÉNOMÈNE de société, la demande de traitement anti-âge a entraîné l’augmentation spectaculaire du nombre de produits de comblement injectables biodégradables, ou fillers, essentiellement à base d’acide hyaluronique (AH). Les produits non dégradables ne sont plus utilisés. Les produits volumateurs utilisés seuls ou en complément des fillers, pour sculpter le visage et restaurer les fontes graisseuses, sont dominés par les AH fortement réticulés, l’hydroxyapatite de calcium et l’acide polylactique. L’AH n’a aucune immunogénicité par lui-même mais il faut tenir compte de la possible toxicité des produits de réticulation. Les symptômes les plus fréquents, à type d’hématomes, érythèmes et œdèmes, sont des réactions inflammatoires immédiates et transitoires. Plus grave, la formation d’infiltrations inflammatoires ou de nodules peut apparaître parfois trois à quatre semaines après l’injection. Ces réactions sont parfois dues à des erreurs d’appréciation, surcorrection, injection dans une zone fragile, ou défaut d’asepsie qui peut aboutir à la formation d’un biofilm colonisant la surface de l’implant et résistant aux antibiotiques. La volumétrie présente les mêmes effets secondaires mais amplifiés. Toutefois, le Dr Pons Guiraud, dermatologue à Paris se veut rassurante : « si les précautions sont respectées avant emploi, les complications sont rares et en général réversibles. »
Des tatouages temporaires à haut risque.
Plus récemment, le tatouage est entré dans l’univers de la cosmétologie médicale complémentaire de la chirurgie de reconstruction. La plupart des pigments actuels sont en majorité synthétiques. La fréquence des complications allergiques aux tatouages permanents est difficile à évaluer car seules de petites séries sont rapportées dans la littérature. Les eczémas de contact sont les plus classiques mais des lésions à distance peuvent survenir dans des délais allant de quelques semaines à quelques années après le tatouage. Un relargage brutal du pigment peut être à l’origine de ces réactions d’hypersensibilité. Les autres réactions cutanées observées sont des dermatites lichénoïdes, granulomateuses ou lymphomateuses. Certains cas surviennent après le maquillage permanent des paupières et des sourcils.
Plus problématique est la mode des tatouages temporaires qui sont de plus en plus proposés sur des lieux de vacances malgré les alertes des autorités sanitaires et les campagnes d’information des dermatologues. Le henné traditionnel peut être remplacé par des préparations contenant de fortes concentrations de paraphénylène diamine (PPD). Ces tatouages induisent une sensibilisation parfois asymptomatique, souvent à l’origine d’une réaction inflammatoire locale, persistante et prurigineuse. Celle-ci peut être révélée lors d’un nouveau contact avec le PPD entraînant un eczéma aigu parfois généralisé. Les séquelles pigmentaires ou cicatrices hypertrophiques ne sont pas rares. Des symptômes immédiats avec manifestations respiratoires ou systémiques à type de fièvre, des adénopathies ont également été notées. Il existe un risque de sensibilisation à des molécules proches du PPD, notamment les colorants capillaires ou vestimentaires.
Du shampooing à la mode des prothèses ongulaires.
Les produits capillaires restent une source importante d’allergies. Les shampooings contiennent des allergènes variés : tensioactifs, parfums, conservateurs, pyrithione-zinc. Les eczémas de contact aux shampooings ont parfois un aspect trompeur : dermite séborrhéique, psoriasis. Le PPD (paraphénylène diamine) est l’allergène majeur des colorations, les réactions peuvent être très violentes surtout œdémateuses. Des réactions d’hypersensibilité retardée ont été décrites avec les persulfates alcalins pour les décolorations (dermatoses de contact, asthme, rhinite) et le glycérylmonothioglyconate (GMTG) pour les permanentes. Tous ces produits manipulés par les coiffeurs provoquent chez eux les mêmes réactions allergiques au niveau des mains mais aussi au niveau respiratoire (asthme professionnel), sans compter la dermite d’irritation ou « main du shampooineur ».
Pour les ongles, l’allergie de contact la plus connue est la pose de vernis avec comme principaux allergènes en cause le nickel, la colophane, les résines. Les allergies sont surtout manuportées avec des localisations aux paupières, au cou et parfois à la région périanale. Plus récente, la mode des prothèses ongulaires a provoqué la prolifération des lésions d’eczéma, de dystrophie ongulaire, d’érythème périunguéal, de décoloration et d’importantes kératoses. Les allergènes incriminés sont de la famille des résines acryliques. Chez les professionnels, les lésions touchent la pulpe des doigts sous forme d’une pulpite douloureuse et invalidante, on les retrouve aussi à distance au niveau des mains, des avant-bras ou même du visage par projection de particules.
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Françoise Amouroux
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