« La chirurgie cardiaque est sûre, avec peu de complications de manière globale, mais quand on regarde dans le détail, il semble que se faire opérer l’après-midi plutôt que le matin confère une protection au cœur », évoque le Dr David Montaigne, cardiologue à Lille, en commentaire aux résultats d’une étude publiée le 26 octobre dans la revue « The Lancet ».
L'étude a été menée sur 596 patients, tous opérés au Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Lille pour le remplacement d'une valve cardiaque ou pour un pontage coronarien à cœur ouvert. La moitié d’entre eux ont été opérés le matin et l’autre moitié l’après-midi. Les opérations ont été réalisées de janvier 2009 à décembre 2015, et les patients ont été suivis durant 500 jours après l'acte chirurgical.
Les résultats montrent que les patients opérés l'après-midi ont deux fois moins de risque de développer de graves complications juste après l'opération (9,4 % contre 18,1 %). Ainsi, « le moment de la journée, donc l'horloge biologique et le rythme circadien, influence la réponse du patient à ce genre d'opération, avec des différences aussi à moyen et long terme », expose le Pr Bart Staels, coauteur de l’étude.
Ischémie mieux tolérée
Sur le plan physiologique, cette différence serait liée à la tolérance à l'ischémie – c’est-à-dire la privation d'oxygène des cellules cardiaques due à l'arrêt momentané du cœur, nécessaire pour l'opération — qui serait meilleure l'après-midi. En effet, des études menées chez la souris montrent qu’une protéine liée aux gènes de l'horloge biologique (la protéine Reverb alpha) est présente en plus grande quantité le matin. Si on enlève cette protéine lors de la phase du réveil, l'animal tolère mieux l’ischémie.
Les auteurs préconisent donc d'opérer de préférence l'après-midi, avec les difficultés logistiques que cela suppose. Une autre piste intéressante serait d’identifier des médicaments bloquant la protéine Reverb alpha. Sur la base de leurs résultats, les auteurs estiment que de plus amples essais sont nécessaires. Notamment, des recherches pourraient être conduites pour mieux identifier les patients à risque élevé de complications opératoires.
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