LE MINISTÈRE a choisi le ton de l’absurde pour la campagne de sensibilisation sur les TMS qui commence aujourd’hui. À la radio, dans la presse professionnelle des secteurs particulièrement touchés et dans les magazines économiques, des affiches ou spots proposent un pack « coussins doux » pour la secrétaire aux articulations douloureuses, des ballons à l’hélium pour soulager le manutentionnaire, ou encore des trampolines pour aider l’agriculteur à hisser ses charges à l’arrière du tracteur. Une vision douce-amère du travail... pourtant pas si éloignée de la réalité : « On ne réfléchit pas assez dans les entreprises sur la santé ; il y a de l’absurde qui conduit parfois à de graves accidents du travail », explique Jean-Denis Combrexelle, directeur général du travail.
Les chiffres qu’il rappelle sont éloquents. Les TMS représentent 85 % des causes de maladies professionnelles reconnues pour les actifs du régime général (95 % pour les salariés agricoles), ils augmentent de 10 % par an et sont responsables en 2010 de la perte de 9,7 millions de journées de travail et de 930 millions d’euros, couverts par les cotisations des entreprises (toujours pour le régime général). « Les TMS sont avant tout des difficultés dans la vie quotidienne des salariés, aujourd’hui et demain (car les effets sont souvent différés), mais ils provoquent également une baisse de productivité pour les entreprises », insiste Jean-Denis Combrexelle.
L’enjeu de cette campagne est donc d’inciter cadres et chefs d’entreprise à réfléchir sur les facteurs de TMS. « Avec un souci, précise le directeur général du travail, être moins institutionnel et plus opérationnel ». Comment ? Il s’agit d’abord de cibler les actions sur les secteurs à risques (BTP, agriculture) et les populations vulnérables (intérimaires et seniors). L’ensemble des acteurs doit également être mobilisé,des services déconcentrés du ministère du Travail aux partenaires sociaux, sans oublier les médecins du travail : « Nous attendons une forte implication des services de santé qui sont au cœur de ces questions et qui sont en mesure d’adopter une approche pluridisciplinaire », souligne Jean-Denis Combrexelle.
Toutes les entreprises doivent se sentir concernées : « Les très petites entreprises (TPE) ne peuvent pas éluder la question en arguant qu’elles n’ont pas les moyens d’une moyenne et ou grande entreprise », met en garde le directeur général du travail, qui appelle les patrons à « s’approcher au plus près du travail ». Une façon de dire que la santé des salariés n’est pas qu’une affaire d’experts.
Les ressources s’humanisent.
Les résultats sont là. Maud Benhamou, directrice des ressources humaines de l’hôtel Lutétia, à Paris, a engagé il y a deux ans une refonte de la politique de prévention des TMS dans son établissement. Les salariés ont suivi plusieurs formations, en particulier avec un ergonome. Dans un esprit participatif, les femmes de chambre ont ensuite analysé leur métier, en collaboration avec des acteurs intérieurs (leurs collègues de la plonge par exemple) et des intervenants extérieurs. Elles ont identifié les gestes pénibles de leur quotidien : faire un lit, passer l’aspirateur dessous, épousseter le dessus des armoires. « Grâce à leur analyse, nous avons pu adopter des solutions à court et long terme, comme des lits adaptés ou des chariots à linge motorisés et nous avons réactualisé notre livret prévention », explique Maud Benhamou. Les progrès sont tangibles : au-delà de la revalorisation du travail des salariés, le nombre de journées de travail perdues en raison de maladies professionnelles a chuté de 34 % entre 2009 et 2010. En réponse à la question : « Vous sentez-vous protégés contre les TMS sur votre lieu de travail », les salariés sondés ont affiché un taux de satisfaction de 82 % en 2011, contre 54 % en 2010.
Les solutions sont souvent simples : remettre à niveau un plan de travail, changer l’orientation d’un outil. Comme le dit le slogan de cette 4e campagne de sensibilisation : « La prévention des TMS, ça commence par les bonnes questions. » Et sûrement par la bonne volonté des entreprises qui, de l’avis même de Jean-Denis Combrexelle, sont loin d’avoir toutes signé le document unique d’évaluation des risques, obligatoire depuis 2002.
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