« ON PEUT PARLER de synchronie quand il y a une interaction sensorielle, émotionnelle, cognitive, hormonale, et une coordination de sujet à sujet, explique Jacqueline Nadel, directeur de recherche au CNRS. Nos avons tous besoin de synchronie, de savoir que l’autre est en relation, en phase avec nous, et que nous partageons ensemble et en rythme des émotions ou des comportements. » Durant la grossesse, le fœtus partage la biochimie et les états internes de sa mère et cette synchronie prénatale prépare à des interactions coordonnées maman-bébé. Des études montrent que, dès leur naissance, les bébés sont susceptibles de distinguer des expressions de joie, de tristesse, de surprise. Ils seraient capables de réagir sélectivement à ces signaux et, par imitation, de les reproduire avec des formes proches de celles des adultes. L’imitation des mouvements faciaux est un exemple significatif du fait que le nouveau-né peut répondre en synchronie et produire de la synchronie. S’il est capable de la percevoir chez l’autre, alors il peut communiquer, c’est un cadeau naturel.
La synchronie est un élément essentiel qui conditionne le développement de bébé à tous les niveaux, psychomoteur, social, cognitif. En l’absence de celui-ci, il s’isole et il a moins de possibilités de comprendre, de partager et de prévoir les réactions de l’adulte. Au-delà du processus d’attachement, les comportements mère-bébé vont s’organiser autour d’échanges des regards, des voix, de réactions aux mouvements de l’autre, au toucher. La communication va mettre en jeu tous les sens : l’odeur maternelle est un exemple de synchronie sensorielle. Plus tard, l’interaction synchrone impliquera non seulement les proches, mais également les étrangers. Les travaux de Jacqueline Nadel ont mis en évidence la capacité des très jeunes enfants à détecter quand la mère n’était pas en concordance avec leur comportement, et cette désynchronisation, ou cette absence de synchronie interactionnelle, les perturbe émotionnellement. Elle peut avoir des effets à long terme et augmenter les risques de troubles sociaux et d’agressivité chez l’enfant et l’adolescent.
Restaurer la confiance de la mère.
En situation de prématurité et d’hospitalisation en néonatalogie, le processus d’attachement mère-bébé est menacé et il faut faire en sorte que la séparation soit la moins brutale possible, même si elle est courte. « La mère et l’enfant se retrouvent dans un environnement hostile qui multiplie les barrières (incubateur, ventilation assistée, électrodes, cathéter…) et la synchronie des regards, des gestes et du corps est rendue très difficile, souligne le Dr Jean-François Magny (Institut de puériculture et de périnatalogie de Paris). Le nourrisson quitte trop tôt le monde in utero optimal pour son développement, pour un univers où il est exposé à des stimulations parfois trop intenses, voire douloureuses (bruits, lumières, odeurs). »
La mère subit de son côté les conséquences psychologiques d’un accouchement prématuré qui ne lui permet pas, ou trop peu, de voir son bébé, et d’accomplir les premiers actes de maternage. Au stress et à l’anxiété vis-à-vis du bien-être et de survie de son bébé, s’ajoutent des sentiments d’impuissance et de culpabilité. La dépression n’est pas loin.
L’objectif est de restaurer la confiance de la maman et d’encourager la relation avec son bébé. Pour atténuer le traumatisme d’une naissance prématurée, on utilise différentes méthodes d’intervention. La méthode la plus maternelle est l’allaitement direct ou indirect qui installe une relation privilégiée. Le « peau à peau », ou méthode kangourou, est une technique universelle qui cherche à établir un contact corporel direct très fort par portage de l’enfant contre la mère. Elle donne d’excellents résultats tant sur la santé du bébé que sur l’état psychologique de la mère. Les soins de développement sont basés sur une observation globale des réactions et du comportement du nouveau-né pour ensuite lui délivrer des soins personnalisés et adaptés. « Une meilleure intégration des parents dans le service néonatal favorise naturellement la relation mère-enfant, mais ces efforts doivent être prolongés lors du retour à la maison et il faut rester vigilant », prévient le Pr Guy Moriette (Port-Royal, Paris).
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