LE GROUPE de réflexion des experts du Comité de valorisation de l’acte officinal a cherché à préciser la capacité du pharmacien à mettre en place un suivi au long cours de la perte de poids, à évaluer la faisabilité et l’impact de ce suivi sur le changement de comportements des patients, et la façon dont il était perçu par eux. « Nous sommes dans l’observationnel et le factuel, il ne s’agit pas d’être moralisateur, de stigmatiser la personne en surpoids, mais de la sensibiliser, insiste Jean Michel Mrozovski, président du CVAO. Cet accompagnement doit provoquer chez elle un déclic indispensable pour changer ses habitudes alimentaires, reprendre une activité physique et lutter contre la sédentarité. » En amont de cette étude, le CVAO a mis en place des modules de formation auprès des pharmaciens investigateurs, et des outils afin de formaliser l’accompagnement des patients. Dix-neuf pharmaciens ont suivi 34 demandeurs d’alli (IMC moyen de 31) au cours de 66 rendez-vous de suivi organisés à l’officine, soit au total cent entretiens (34 d’inclusion et 66 de suivi), entre février et septembre 2010.
Lors du premier rendez-vous, et avant de s’entretenir avec le pharmacien, le patient remplit un autoquestionnaire permettant de collecter des données quant à son mode de vie et ses attentes et de lui faire prendre conscience des éléments importants de sa démarche. « Cela nécessite une réelle implication du pharmacien qui doit s’organiser en termes d’espace et de temps au sein de l’officine, témoigne Olivier Denonain pharmacien à Paris. Il doit bien cadrer les rendez-vous (une démarche inhabituelle pour le patient et l’officinal) pour se rendre totalement disponible (une demi-heure en moyenne). De plus, nous devons acquérir un nouveau savoir-faire car on a plus l’habitude du discours de comptoir que d’un entretien singulier. On doit avoir un fil conducteur pour faire évoluer le discours entre le premier entretien et les suivants, et apprendre à créer et à gérer des mises en situation pour maintenir l’intérêt du suivi. L’autoquestionnaire facilite l’entretien et permet d’avoir une approche à la fois plus globale et plus personnalisée des attentes et des priorités de l’interlocuteur. C’est l’occasion d’élargir le sujet et d’aborder les facteurs de risque liés à l’obésité et au surpoids. »
Des évolutions favorables et un suivi bien ressenti.
Au terme de l’étude et au travers des réponses collectées, on observe des améliorations dans les comportements des sujets inclus, avec une prise de conscience des dangers de la sédentarité et de l’importance de l’activité physique. L’évolution des conduites alimentaires tend aussi à devenir plus favorable avec une baisse du grignotage. Au cours de la totalité des entretiens de suivi, 26 personnes ont exprimé une amélioration de leur qualité de vie. De leur côté, les pharmaciens ont bien perçu la fragilité des motivations d’une grande partie des participants, ainsi que l’inadéquation entre les attentes et les résultats obtenus, surtout lors du deuxième rendez-vous. En effet, le sentiment de satisfaction de la prise en charge évolue pour les patients entre 74 % lors du premier rendez-vous, 50 % au deuxième et il remonte à 67 % au troisième. Le suivi est plus facile quand la personne a une perception du niveau de gravité de sa pathologie et pour les inclus motivés qui ont eu « le déclic » nécessaire pour continuer. Les pharmaciens de l’étude ont su montrer la capacité d’installer leur action dans le temps (55 jours en moyenne de suivi avec au moins un rendez-vous) et les participants ont démontré leur intérêt pour ce suivi (80 % sont venus à un premier rendez-vous et 53 % à un deuxième). Ces chiffres confirment que le pharmacien peut être un des acteurs de la prise en charge du surpoids en synergie avec les autres professionnels de santé.
Fort de ces constatations, le groupe de pilotage du CVAO en charge de l’étude va améliorer le mode de formation des pharmaciens et les outils mis à leur disposition pour optimiser l’impact du suivi officinal. En effet, cette initiative met en évidence l’importance et la qualité du service pharmaceutique rendu et s’inscrit dans le contexte de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) visant à renforcer les missions du pharmacien d’officine. En 2011, s’inspirant des cas de comptoir de cette étude, GSK Santé grand public va mettre en place des solutions concrètes, adaptées à la réalité, pour encore mieux encadrer la délivrance d’alli et la prise en charge des patients.
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Françoise Amouroux
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