UNE FEMME SUR DEUX sera concernée au moins une fois dans sa vie par un épisode d’infection urinaire. Principal responsable de la maladie, le colibacille Escherichia coli est impliqué dans la majorité des cystites. D’origine digestive, il colonise l’appareil urinaire, urètre et vessie, à partir du périnée. Sa présence se traduit par une sensation de brûlure à la miction, une fréquente envie d’uriner et un besoin impérieux de miction. Si, pour certaines, l’invasion n’est qu’occasionnelle, pour d’autres elle peut prendre un aspect récidiviste, portant alors la population touchée à endurer plusieurs épisodes infectieux par an.
Pour prévenir ces récidives, deux voies thérapeutiques coexistent : le traitement par antibiotique, d’une part, la nutrithérapie centrée sur une espèce particulière de canneberge, la cranberry d’origine américaine, d’autre part. Répondant au nom scientifique de vaccinum macrocarpon aiton, celle-ci a pour intérêt de lutter contre l’adhésion des germes à la paroi vésicale. En 2004, l’AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) a reconnu l’action de la baie sur la fréquence des infections urinaires, à condition d’être dosée à 36 mg de proanthocyanidines (PAC) en prise quotidienne. Sur cette base, un marché entier s’est développé, celui des troubles du système urinaire. Depuis, l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), dans ses recommandations de bonnes pratiques sur le sujet « diagnostic et antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires de l’adulte », a reconnu l’existence d’arguments en faveur de l’efficacité sur E. coli de la canneberge (vaccinium macrocarpon) amenant 36 mg par jour de PAC.
Succès croissant.
Constitué pour l’essentiel de compléments alimentaires à base de cranberry, le marché des troubles du système urinaire se compose aussi d’extraits de plantes à l’action antibactérienne et diurétique, comme la busserole et la bruyère, issus de la phytothérapie. Préconisées en prévention des cystites récidivantes, les préparations à base de cranberry connaissent donc un succès croissant depuis quelques années : un bond de 40 % en volume et en valeur de 2006 à 2007 et une hausse d’environ 20 % de 2007 à 2008 en unités de vente comme en chiffre d’affaires. Et la tendance devrait se poursuivre si l’on en croit les ventes enregistrées en 2009 qui montrent une nouvelle progression du marché de près de 10 % (source fabricants).
Une situation qui n’étonne pas Pascal Le Bras, en charge du marketing chez Pharmatoka : « En France, le marché est loin d’être arrivé à maturité. Il a même le potentiel pour doubler et atteindre 60 millions d’euros d’ici 3 à 5 ans. » Une affirmation que l’industriel fonde sur la croissance du marché qui se poursuit en Europe comme aux États-Unis, ainsi que sur les statistiques en matière de gênes urinaires dans la population féminine. « Les sphères, dites techniques, des compléments alimentaires ont toujours le vent en poupe, contrairement au marché global de la nutrithérapie. Mais attention aux surpromesses face auxquelles le consommateur perd ses repères et finit par se désintéresser du produit ! »
Certains ont en effet dénoncé les différences d’efficacité existant entre les nombreuses références de produits à base de cranberry. Le durcissement de la réglementation auquel se livre actuellement l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) devrait apporter un peu de transparence au marché. « En ce qui concerne la cranberry, l’Agence doit statuer à la fin 2011. Mais l’on sait d’ores et déjà qu’il va falloir fournir des études prouvant l’effet escompté des produits si l’on veut prétendre à l’allégation " contribue à diminuer la fixation de certaines bactéries E. coli sur les parois des voies urinaires ".»
36 mg de PAC ou plus.
Pas de problème pour Pharmatoka, qui va même plus loin en présentant une étude sur l’effet anti-adhésion de la cranberry qui dépendrait d’un dosage à 36 mg de PAC en une seule prise, mesurés par la méthode BL-DMAC que le laboratoire pétitionnaire vient de publier. Une concentration du principe actif que l’on retrouve dans les trois formes – gélules, jus concentré, poudre en sachet – de son complément alimentaire Urell. Bien d’autres acteurs du marché ont basé leurs formules sur les recommandations de l’AFSSA : Arkopharma propose un dosage à 36 mg de PAC par jour pour les deux formes de Cys-Control (gélules, sachets) et cible les troubles de la prostate grâce aux Arkogélules d’huile de pépins de courge. Naturactive (laboratoires Pierre Fabre) a également dosé à 36 mg de PAC par jour son complément alimentaire Urisanol conditionné en sachets sticks et propose également, dans le cadre de la phytothérapie, les gélules Élusanes de busserole et de bruyère aux vertus antiseptiques et diurétiques. Même dosage en PAC pour le complément alimentaire Acygil auquel les laboratoires Médiflor ont ajouté un extrait d’hibiscus et de pissenlit qui aident à stimuler les fonctions d’élimination de l’organisme.
Le laboratoire CCD, pour sa part, a formulé GynDelta sur la base de 40 mg de PAC, un dosage auquel sont ajoutés 10 mg de PAC issus de la blueberry et de l’extrait de bruyère dans la nouvelle référence GynDelta Prim, destinée à agir dès les premiers symptômes des troubles urinaires. Association aussi dans la formule de Cystinat du laboratoire Les 3 Chênes, qui unit l’extrait de cranberry (32 mg à 48 mg de PAC par jour) à un complexe de plantes (thym, mauve, myrtille, bruyère et guimauve) à l’action apaisante, diurétique et antiseptique, alors que la baie est secondée par les probiotiques dans la composition de LERO Gynélis (36 mg de PAC) du laboratoire éponyme qui vise aussi les infections vaginales.
LRN consacre deux références aux troubles urinaires, Uriform dosé à 40 mg de PAC destiné aux femmes et Prostaform qui vise le confort du système urinaire masculin (prostate comprise) aux moyens de comprimés jour et nuit. Chez Nutrisanté, enfin, c’est Prostabiol qui se destine à soulager et réguler la prostate grâce à une association d’huile de pépins de courge et de poudre de pollen additionnée d’un complexe de zinc, sélénium, et vitamines C et E.
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