L'initiative du groupement Pharmabest, qui propose aux patients de montrer leurs grains de beauté en pharmacie, est vivement critiquée par la Société française de dermatologie et deux organismes de formation en dermatologie.
À Paris, Marseille et Alès, trois officines Pharmabest ont lancé, début juin, un service de dépistage du mélanome à l’officine. En pratique, les patients qui le désirent peuvent venir se faire photographier leurs grains de beauté à l'officine, à l'aide d’un appareil appelé dermatoscope. Les images sont ensuite analysées à distance par un dermatologue qui envoie son diagnostic au patient via un site sécurisé. Il n'est pas certain que ce service soit un succès, étant donné son coût : 28 euros pour le 1er grain de beauté et 14 euros pour les suivants, somme uniquement destinée à couvrir la rémunération du dermatologue expert.
Cette initiative est soutenue par le Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV), dont les dermatologues experts font partie. En revanche, elle est condamnée par la Société française de dermatologie (SFD), la Fédération française de formation continue en dermato-vénéréologie (FFFCEDV) et le Collège des enseignants en dermatologie de France (CEDEF). Dans un communiqué commun, ces trois institutions expliquent : « Il est illusoire de penser qu'une initiative conçue par un groupement pharmaceutique privé et ne s'appuyant que sur un tout petit nombre de dermatologues puisse avoir un quelconque effet en matière de santé publique. » Pascal Joly, président de la SFD, estime même que « cela est potentiellement dangereux, parce que les gens vont montrer des lésions spectaculaires, or souvent les mélanomes n'en sont pas. Ils risquent d'être faussement rassurés ».
Face à ces déclarations, Marc Perrussel, vice-président du SNDV, qui cautionne l’initiative de Pharmabest, rétorque qu’il « ne s'agit pas de diagnostiquer ni de dépister, mais de donner un avis sur une lésion qui inquiète, et surtout d'inciter à se faire dépister dans un cabinet de dermatologue. Le message qui sera envoyé sera de dire : montrez la totalité de votre épiderme à un médecin, car c'est très important de le faire ». En revanche, on peut s'interroger sur la nature de la polémique : s'agirait-il plus d'une querelle entre dermatos qu'une critique de fond sur cette expérimentation en officine ?
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