À 18 ANS, Marion Larat fait un AVC, tombe dans le coma et se réveille trois jours plus tard hémiplégique et aphasique. Neuf interventions chirurgicales et six ans plus tard, la Bordelaise reste handicapée à 65 %. Elle porte plainte, le 14 décembre dernier, contre le Laboratoire Bayer, fabriquant de la pilule de 3e génération Méliane, et contre l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Pour elle, comme pour la Commission régionale de conciliation et d’indemnisation (CRCI) d’Aquitaine, il ne fait aucun doute que son AVC et ses conséquences sont directement liés à la prise de Méliane pendant quatre mois, alors qu’elle est porteuse d’une anomalie génétique, le facteur V de Leiden. La plainte a été transférée au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Paris et trente autres plaintes devraient être déposées en janvier.
Ce risque thromboembolique est connu depuis l’introduction des contraceptifs oraux combinés et ce n’est pas la première fois que les pilules de 3e génération sont montrées du doigt. Depuis décembre 1995, une série d’études démontre l’augmentation du risque de phlébite et d’embolie pulmonaire. Récemment, une revue de littérature réalisée par l’Agence européenne du médicament conclut à un risque multiplié par deux pour les pilules de 3e et 4e générations comparées aux 1re et 2e générations.
En France, après avoir autorisé le remboursement de plusieurs pilules de 3e génération à partir de 2010, le gouvernement fait aujourd’hui machine arrière. En septembre dernier, Marisol Touraine annonce le déremboursement de ces contraceptions en septembre 2013, pour cause de service médical rendu insuffisant. Tout début janvier, la ministre de la Santé décide finalement d’avancer le déremboursement au 31 mars prochain.
Désordres sanitaires.
Selon le Dr Lydia Marié-Scemama (voir son interview en page 10), ces pilules ont pourtant une utilité certaine, notamment lorsque la pilule de 2e génération ne convient pas à l’utilisatrice. Selon elle, la prise d’un contraceptif n’est pas un geste à banaliser et le renouvellement doit être l’occasion d’un suivi approfondi. C’est pourquoi la gynécologue regrette que pharmaciens et sages-femmes soient autorisés à renouveler une ordonnance. L’ANSM a d’ailleurs émis l’hypothèse de confier la prescription des pilules à certains spécialistes, mais elle est rapidement revenue sur cette proposition. Son directeur général, Dominique Maraninchi, précise ainsi, dans « Le Monde » daté des 6 et 7 janvier, qu’une telle restriction serait « le plus facile réglementairement » mais non souhaitable car « tous les médecins et toutes les femmes sont concernés ». La logique du déremboursement n’est pas toujours bien comprise. Pour certains, si la pilule de 3e génération multiplie le risque thromboembolique par deux, il n’est pas acceptable de conserver un tel médicament sur le marché si des alternatives plus sûres existent. Mais l’ANSM ne souhaite pas priver les femmes qui peuvent en bénéficier en seconde intention et espère éviter une suspension brutale susceptible de générer des désordres sanitaires sérieux « en termes de grossesses non désirées et d’IVG, comme ce fut le cas en Angleterre en 1995 ». Inutile donc de modifier massivement les prescriptions de femmes qui supportent parfaitement les pilules de 3e génération. D’autant que « le risque redevient entier avec la nouvelle prescription », souligne le Dr Marié-Scemama.
Des consultations sont en cours au sein de l’ANSM – auprès de généralistes, des gynécologues, des sages-femmes et des pharmaciens – afin d’examiner « les modalités de modifications des conditions de prescription et de délivrance des contraceptions de 3e génération ». Des décisions devraient aboutir d’ici à une dizaine de jours. « Il faut que cette pilule de 3e génération ne soit plus systématiquement prescrite en première intention mais lorsque la pilule de 2e génération ne convient pas », explique Marisol Touraine. Cela revient finalement à suivre les recommandations édictées par la Haute Autorité de santé en 2007…
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