ON CONNAÎT L’IMPORTANCE des troubles du comportement perturbateurs (TCP) dans la maladie d’Alzheimer, qui touchent de 80 à 90 % des malades de manière imprévisible. Ils se manifestent sous la forme d’une agitation, de refus de soins, de déambulations, d’une agressivité et d’hallucinations. Ces TCP peuvent mettre les personnes en danger, ils sont source d’entrée en long séjour ou en maison de retraite, ils épuisent les professionnels et les aidants, et peuvent conduire à une maltraitance. Un TCP entraîne la mise en activité de vingt-trois minutes supplémentaires du temps d’un soignant.
L’indication des neuroleptiques peut sembler adaptée aux symptômes, mais ils ne sont pas utilisés en routine, d’une part, parce qu’ils ont une efficacité restreinte sur les TCP et, d’autre part, parce que leur utilisation chez ces patients particuliers est associée à des effets secondaires potentiellement graves. « En synthétisant la balance bénéfice-risque, les données montrent que, si l’on traitait 1 000 personnes dans ce contexte avec un antipsychotique atypique (neuroleptique) pendant douze semaines, on observerait une diminution des troubles du comportement chez 90 à 200 patients, mais aussi 10 décès supplémentaires, 18 AVC et des troubles de la marche chez 58 à 94 patients », explique le Dr Benoît Lavallart (mission de pilotage du plan Alzheimer).
Bain au lit, ergothérapie.
La Haute Autorité de santé (HAS) a développé une démarche innovante permettant d’améliorer les situations en limitant l’usage des neuroleptiques.
Des techniques de soins non médicamenteuses sont mises en place. Ainsi, une technique de bain au lit, non traumatisante, réduit de 50 % l’agressivité qui s’accroît typiquement au moment de la toilette. Par ailleurs, on enseigne aux personnes de l’entourage une forme de réhabilitation adaptée, visant à utiliser les capacités restantes et non à tenter de modifier ce qui est altéré. Dix séances d’ergothérapie correspondent à une amélioration de 84 % des activités de la vie quotidienne. Une formation des personnes qui travaillent en maison de retraite avec un suivi en coaching réduit pour sa part de 60 % les TCP (contre 15 % dans les groupes témoins).
Des outils de mesure appropriés aux TCP sont appliqués, tels que l’inventaire neuropsychiatrique (INP), avec la cotation de 12 symptômes parmi les plus fréquents.
La HAS a mis en place une mesure de l’exposition des malades d’Alzheimer aux neuroleptiques, une exposition chronique (plus de trois prescriptions par an) étant considérée comme un indicateur d’alerte iatrogénique. Les premiers résultats montrent que le nombre des malades d’Alzheimer traités par neuroleptiques diminue, alors que le nombre total de patients augmente.
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