Chez une majorité de patients, l’asthme semble être la conséquence d’interactions complexes entre des caractéristiques génétiques et épigénétiques et des facteurs environnementaux. Les études cliniques et épidémiologiques suggèrent que les infections virales précoces constituent l’un des principaux facteurs de risque de wheezing chez les tout petits et d’asthme à tous les âges. Les arguments s’accumulent également pour souligner une association entre ces infections virales et la survenue ultérieure de troubles respiratoires obstructifs, sans que l’on sache toutefois si ces infections prédisposent au développement de l’asthme ou si elles sont juste un marqueur de prédisposition à l’asthme.
Le VRS en tête
Le virus respiratoire syncytial (VRS) et le rhinovirus sont les deux virus les plus fréquemment retrouvés lors des épisodes de wheezing durant les premières années de vie. Le VRS est le principal agent causal des infections respiratoires basses chez les nourrissons et les petits enfants. Et les bronchiolites sévères à VRS sont souvent associées à un wheezing persistant et/ou de l’asthme, selon un mécanisme physiopathologique qui reste mal connu. Une cohorte suédoise a ainsi mis en évidence une prévalence accrue d’asthme et/ou d’épisodes récurrents de wheezzing aux âges de 3, 7 et 13 ans en cas d’antécédents d’hospitalisation pour bronchiolite à VRS. À l’âge de 18 ans, ces patients avaient toujours une fonction pulmonaire moindre et une plus grande hyperéactivité bronchique que les sujets contrôles. Toutefois, cette dernière association n’a pas été retrouvée chez le jeune adulte dans la cohorte de Tucson, qui a mis en évidence un risque accru de wheezing jusqu’à l’âge de 11 ans mais pas au-delà. Mais dans cette cohorte, la bronchiolite était probablement moins sévère et la prise en charge le plus souvent en ambulatoire. L’évolution à long terme pourrait donc dépendre de la sévérité de la bronchiolite initiale, comme le suggère un autre travail, rétrospectif.
Contrairement au VRS, le rhinovirus sévit tout au long de l’année et touche des sujets de tout âge. La survenue d’un wheezing après une infection à rhinovirus est souvent observée chez des enfants ayant par ailleurs une dermatite atopique, une éosinophilie sanguine et des antécédents familiaux d’asthme ou d’atopie.
Chez l’enfant comme chez l’adulte, les exacerbations d’asthme sont le plus souvent associées à une infection virale des voies respiratoires.
Le type et la sévérité des lésions au niveau respiratoire peuvent être la conséquence directe de la virulence du pathogène (cinétique de croissance, effets cytopathiques notamment), mais aussi découler de la réponse inflammatoire locale qui met en jeu l’immunité innée et adaptative.
La desquamation des cellules épithéliales lésées, le relargage de médiateurs pro-inflammatoires, le recrutement et l’activation de cellules inflammatoires et immunocompétentes, l’œdème, l’hypersécrétion muqueuse, la contraction des cellules musculaires bronchiques sont partie prenante de la bronchoconstriction qui peut survenir après une infection virale. Les études expérimentales et cliniques ont clairement montré que chez les enfants asthmatiques, les infections à rhinovirus induisent des symptômes des voies respiratoires basses, une obstruction et une hyperréactivité bronchique, associés au recrutement et à l’activation des éosinophiles.
Deux hypothèses
Les liens entre infections virales et sensibilisation allergénique sont complexes : la sensibilisation est-elle un facteur favorisant les infections virales ou bien ces dernières favorisent-elles wheezing et asthme ? Des travaux sur des modèles murins suggèrent que les infections virales pourraient favoriser les sensibilisations, par le biais d’une production de cellules inflammatoires TH2et une réponse immune accrue aux allergènes. Mais à l’inverse, les infections virales pourraient être favorisées par une sensibilisation allergénique, car la voie TH2 pourrait modifier les défenses de l’hôte. Deux hypothèses qui, pour les auteurs, peuvent tout à fait cohabiter.
Ainsi, malgré de récentes avancées dans la compréhension des mécanismes régulant les interactions virus-hôte, les raisons pour lesquelles, après une infection virale sévère, certains enfants développeront ultérieurement une sensibilisation à des allergènes et/ou des symptômes respiratoires restent mal explicitées.
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