Estimée à environ 3 à 10 % chez les personnes âgées de plus de 75 ans vivant à domicile, la prévalence de la dénutrition atteint 20 à 40 % chez celles vivant en institution et même 45 à 60 % chez celles qui sont hospitalisées. Entre 300 000 à 400 000 personnes âgées vivant à domicile seraient dénutries.
La dénutrition entraîne de nombreuses complications et une mortalité accrue. « On parle beaucoup du diabète, de l’obésité... mais très peu de la dénutrition des personnes âgées qui constitue pourtant un enjeu prépondérant de santé publique », souligne le Pr Éric Boulanger (CHRU de Lille, université de Lille) qui précise que le terme de « personnes âgées » ne veut pas dire grand-chose.
On observe qu’en fait, il existe trois catégories de personnes âgées : les « vigoureux » qui correspondent au vieillissement réussi, les « fragiles » prêts à basculer dans la dépendance en cas de nouveau problème de santé et les « dépendants ». Même en cas de très grand âge, les vigoureux ne sont physiologiquement pas vieux, alors que les fragiles et les dépendants doivent faire l’objet d’une prise en charge gériatrique.
Un signal d’alerte : une perte de poids de 3 kg
La dénutrition est souvent insidieuse et sous-diagnostiquée. Or, une perte de poids chez une personne âgée est un signal d’alerte. « Il faut peser la personne âgée une fois par mois et regarder sa courbe, comme pour les enfants... Si l’on observe une cassure sur la "courbe" de poids, il faut alors savoir ce qui se passe et trouver la cause. Une perte de 3 kilos est un signe », explique le Pr Boulanger. Les causes de la dénutrition sont multifactorielles.
La fragilisation du statut nutritionnel s’explique notamment par les modifications physiologiques liées au vieillissement (troubles de régulation de l’appétit…), la dépendance, la dépression et les troubles cognitifs, une pathologie sous-jacente. On a décrit 12 syndromes gériatriques intimement liés.
« Si un patient se présente avec un syndrome de dénutrition par exemple, il faut alors rechercher les autres syndromes : dépression, troubles de la mémoire, troubles l’équilibre et de la marche, sarcopénie, troubles sensoriels (presbyacousie, presbytie, cataracte, DMLA…) », poursuit le Pr Boulanger. Les aspects sociaux sont également très importants à prendre en compte : personne qui vit seule, qui manque d’argent pour faire ses courses…
Les premiers conseils sont de garder le rythme des repas, qu’ils soient variés et surtout de manger ce qu’on aime, de se faire plaisir.
Alimentation, exercice physique, lien social
Le « manger mains », plus facile, avec des petites bouchées se développe de plus en plus. « Chez les sujets âgés polypathologiques, il faut bannir tous les régimes. L’important est d’apporter des calories. Au pire, les posologies des diurétiques ou des antidiabétiques seront augmentées » déclare le Pr Boulanger. Il faut aussi remédier à d’éventuels problèmes buccaux ou dentaires. La majorité des résidents en EHPAD souffrant de pathologies dentaires et buccodentaires ne bénéficient d’aucun suivi dentaire.
Parallèlement à une bonne alimentation avec des apports suffisants en protéines, il est important de maintenir ou de favoriser une activité physique régulière adaptée aux capacités des patients pour prévenir la fonte musculaire (ou la sarcopénie) et lutter contre la constipation. La constipation entraîne un inconfort, une douleur chronique pouvant générer une dépression et donc un manque d’appétit... le cercle vicieux en gériatrie… Conserver une activité sociale et une activité cérébrale est essentiel.
En cas d’échec de l’enrichissement de l’alimentation, des compléments nutritionnels oraux peuvent être prescrits. Ce sont des aliments spécifiques, concentrés en énergie et/ou en protéines, vitamines, minéraux... Ils complètent l’alimentation normale, mais ne doivent absolument pas la remplacer. C’est « en plus et en dehors des repas ».
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