De la même manière que les pharmacies se doivent d’être facilement accessibles aux personnes handicapées, elles doivent s’adapter à leur clientèle souffrant de troubles cognitifs et de démence : c’est autour de cette idée que des réseaux de pharmacies se sont mis en place en Autriche et, plus récemment, en Allemagne. Plusieurs expériences ont été présentées lors du dernier congrès de la société allemande de pharmacie clinique qui s’est tenu à Munich.
L’Ordre des pharmaciens autrichiens a encouragé la formation de tels réseaux dans toutes les régions du pays, avec une coordination assurée par l’université de Klagenfurt. Les pharmaciens et leurs équipes sont sensibilisés lors d’ateliers consacrés aux difficultés rencontrées par les patients atteints de troubles cognitifs, en premier lieu Alzheimer, mais aussi par leurs proches. Outre des connaissances scientifiques, ils sont formés à la communication et aux échanges avec ces patients et leur entourage. Les pharmacies « amies des personnes démentes », pour reprendre leur appellation officielle, - le terme « demenzfreundlich » étant plus parlant en allemand qu’en français – peuvent ainsi mieux recevoir ces patients et leurs familles et, surtout, les informer sur les aides et assistances dont elles peuvent bénéficier. Elles sont reliées aux associations de patients, mais aussi aux professionnels et aux établissements de soins capables de répondre à des demandes spécifiques. De plus, ces officines contribuent à briser les tabous autour de ces maladies, y compris en aménageant des vitrines sur ce thème, en diffusant de l’information et en favorisant le dialogue dans la population.
Lancés en 2013, ces réseaux régionaux ont fait l’objet d’une évaluation récente, présentée par le président de l’Ordre des pharmaciens autrichiens, Max Wellan. Selon lui, les pharmaciens et les équipes qui participent à ces réseaux travaillent ensuite beaucoup mieux avec ces patients et leurs proches : ils savent mieux les écouter et leur parler, et leur proposent aussi des produits et des services mieux adaptés à leurs besoins. Bien évidemment, ces initiatives valorisent aussi le rôle et la fonction de l’officine en tant que centre de santé de premier recours, répondant aux attentes de la population. L’Autriche compte environ 115 000 personnes démentes, pour une population approchant les 9 millions d’habitants.
Pris en charge des patients Alzheimer
En Allemagne, une cinquantaine d’officines de la ville et des environs d’Augsbourg, en Bavière, se sont elles aussi regroupées au sein d’un réseau de pharmacies « demenzfreundlich ». Le président de ce dernier, Jens Schneider, est à la fois pharmacien d’officine et président de l’association locale d’aide aux patients Alzheimer. Les pharmaciens suivent une formation préalable de 8 heures, portant pour un tiers sur les aspects pharmacologiques et pharmaceutiques de la démence et de la maladie d’Alzheimer, pour un tiers sur les aspects médicaux de ces affections et pour un dernier tiers sur les produits, aides et équipements les mieux adaptés à ces patients.
Ces formations portent aussi sur des aspects relationnels et sur le dépistage précoce de la démence chez certains patients. « Lorsqu’un client régulier se met par exemple à poser toujours les mêmes questions, cela peut être un signe à prendre en compte, explique le pharmacien. dans ce cas, nous pouvons, avec tact, l’inciter, lui ou sa famille, à prendre contact avec un médecin pour parler de ce changement de comportement. » En outre, le fait que l’équipe officinale soit formée à l’accueil et à l’écoute de patients et de leurs proches facilite beaucoup le dialogue avec eux. Le réseau contribue, de même, à prévenir l’isolement des malades et de leur entourage aidant, en les dirigeant vers des associations et des structures spécialisées. Récemment primé par l’Ordre fédéral pour ses initiatives, le réseau souhaite que d’autres villes et d’autres régions lui emboîtent le pas, alors même que le nombre de patients Alzheimer est appelé à augmenter fortement dans les années venir.
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