EN FÉVRIER 2013, Diane 35 est suspendue par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM). Pour l’ANSM, le rapport bénéfices/risques de Diane 35 et de ses génériques s’avère défavorable dans tous les cas y compris le traitement de l’acné, eu égard notamment au risque thromboembolique veineux et artériel auxquels ils exposent les femmes traitées. Un risque qui, pour l’ANSM, ne semble pas être suffisamment pris en compte par le corps médical alors qu’il est pourtant documenté. Selon les données « très partielles et sous-estimées » de pharmacovigilance, 4 décès imputables à une thrombose veineuse liée à Diane 35 seraient survenus en France durant les 25 dernières années. Par ailleurs, les observations d’une cohorte danoise de 1,2 million de femmes suivies pendant 8 ans révèlent que le risque d’événements thromboemboliques veineux chez les femmes sous Diane 35 est multiplié par 4 par rapport aux femmes ne prenant ni Diane 35 ni contraceptif oraux. Enfin, les résultats d’une l’étude PMSI au CHU de Brest témoignent aussi du sur-risque d’événements thromboemboliques veineux chez les patientes sous Diane 35 ou l’un de ses génériques.
Usage détourné.
Second motif ayant dicté cette suspension de Diane 35 par l’ANSM : l’utilisation de cette spécialité en tant que contraceptif en l’absence de problèmes acnéiques et donc hors AMM. Diane 35 est pointée du doigt pour son usage détourné comme contraceptif oral alors que son efficacité dans cette indication n’a pas été démontrée au travers d’études cliniques ni validée par les Autorités compétentes. Sur 315 000 femmes traitées par Diane 35, 60 % des prescriptions seraient principalement rédigées à des fins contraceptives, considère l’ANSM. Selon l’IMS, les généralistes et gynécologues seraient les plus grands prescripteurs de cet anti-acnéique comme contraceptif.
Divergences ANSM-PRAC.
L’annonce de la suspension de Diane 35 n’a pas été sans générer une certaine inquiétude et incompréhension chez les gynécologues comme chez les dermatologues dans un contexte sanitaire déjà fragilisé par l’Affaire des pilules de 3e et 4e génération. L’Agence Européenne du Médicament : les bénéfices de Diane 35 sont supérieurs aux risques Une procédure d’arbitrage est engagée par l’ANSM auprès de l’Agence Européenne du Médicament pour que soit réévalué le rapport bénéfices-risques de Diane 35 et de ses génériques et soient reformulées de nouvelles recommandations.
En mai 2013, le Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance de l’Agence Européenne du Médicament (PRAC) ne se prononce pas pour la suspension de Diane 35. Les experts n’ont donc pas suivi la décision de retrait de l’anti-acnéique qu’avait prise l’ANSM.
Contrairement à l’ANSM, le PRAC a conclu que ce médicament avait « une place » dans la prise en charge thérapeutique de certaines femmes, tout en insistant sur les précautions nécessaires pour minimiser le risque thromboembolique. Selon ce comité, les bénéfices de Diane 35 et de ses génériques restent supérieurs aux risques mais leur prescription doit être restreinte. Le PRAC préconise de renforcer les contre-indications et précautions d’emploi et suggère la mise en place d’un plan de gestion du risque thromboembolique et d’une communication adaptée aux professionnels de santé et aux patientes pour minimiser le risque thromboembolique. Il requiert aussi des activités additionnelles de pharmacovigilance avec de nouvelles études.
Un rapport bénéfice-risque favorable.
Sur la base des conclusions de la PRAC, la Commission européenne a finalement jugé que le rapport bénéfice/risque de Diane restait favorable mais que sa prescription devait être restreinte. Dans son arbitrage du 25 juillet, la Commission décide que Diane 35 ne doit pas être utilisée en première intention dans le traitement de l’acné modérée et sévère, mais uniquement après échec d’un traitement local (topique) ou d’un traitement antibiotique par voie systémique. Elle restreint donc son utilisation au traitement de deuxième intention de l’acné modérée à sévère chez les femmes en âge de procréer. Elle précise aussi que Diane 35 est contre-indiquée chez les patientes ayant des antécédents de thrombose veineuse ou artérielle ou présentant des facteurs de risque, qu’elle ne doit pas être prescrite en même temps qu’un autre contraceptif hormonal.
Suite aux décisions de la Commission européenne, l’ANSM a engagé une procédure d’information des Laboratoires pharmaceutiques concernés pour leur préciser qu’elle allait procéder à la levée de la décision de suspension et à la modification des AMM de DIANE 35 et de ses génériques.
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