Nathalie b., mère de famille, a lancé une pétition en ligne intitulée « Sanofi, retirez du marché les médicaments contenant un additif cancérigène », en ciblant particulièrement le Doliprane pédiatrique. Mais ce qui est le plus inquiétant, c’est que le document a déjà recueilli plus de 100 000 signatures, ce qui le place à la 44e place des pétitions les plus signées sur le site Change.org.
Pourtant, l’information pèche en plusieurs points. Selon Nathalie b., le Doliprane serait cancérigène car il renfermerait du E122 (azorubine), un colorant rouge « classé dans le groupe 3 au Centre international de recherches sur le cancer (CIRC) car il est présumé cancérigène ». Ce qui est faux, puisque le groupe 3 du CIRC renferme les produits « inclassables quant à leur cancérogénicité pour l’homme », et non pas les présumés cancérigènes.
Par ailleurs, la pétition affirme que le E122 est interdit dans plusieurs pays. Nuance : ce n’est pas qu’il est interdit, mais plutôt qu’il n’y est pas autorisé. Par exemple, selon un article de Rue 89-Nouvel Obs, « aux États-Unis, la Food and Drug Administration précise que le E122 n’est pas autorisé parce que depuis 1963 aucune partie prenante n’a voulu financer les études nécessaires ».
Le seul argument plutôt valable de Nathalie b. est celui qui concerne l’hyperactivité. En effet, une étude publiée dans « The Lancet » en 2007, et menée sur 300 enfants, semble montrer qu’un cocktail d’additifs (notamment avec le E122 et du benzoate de sodium), pourrait avoir un effet sur l’hyperactivité. Mais les preuves scientifiques ont été considérées comme insuffisantes par la communauté scientifique pour pouvoir statuer sur cette hypothèse.
Toutefois, l’Union européenne (UE) en a tenu compte et impose depuis 2012 d’ajouter la mention « peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention des enfants » sur les produits alimentaires renfermant du E122. Mais pas sur les médicaments. De son côté, le Laboratoire Sanofi a tenu à rassurer les parents dans un communiqué publié sur son site. Il indique que le E122 est autorisé dans l’UE, et que, pour les médicaments, il figure sur la liste des excipients à effet notoire. Ce qui impose la mention « ce médicament contient un colorant azoïque et peut provoquer des réactions allergiques ».
Sanofi indique également que le Doliprane 2,4 % contient des quantités infimes d’E122, soit environ 1/100e de la dose journalière acceptable (DJA) maximale dans l’UE (soit 0,033 mg/kg/jour de E122 par rapport à une DJA de 4 mg/kg/jour).
Doliprane : vraie pétition contre faux dangers
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Publié le 01/02/2016
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Crédit photo : Phanie
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Source : lequotidiendupharmacien.fr
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