Quelques définitions
Une tendinite est l’inflammation d’un tendon. Le tendon est un tissu conjonctif constitué de fibres de collagène et d’élastine qui lui confèrent une grande résistance et une faible élasticité. En reliant le muscle à l’os, il transmet la force musculaire et permet donc le mouvement de l’articulation. Les tendons sont souvent protégés par une gaine synoviale.
À la différence du tendon, les ligaments relient deux os entre eux pour former une articulation et sont peu extensibles. L’entorse correspond à une atteinte des ligaments d’une articulation, sans luxation (déplacement de l’articulation).
Un peu de physiopathologie
Les tendinites sont dues le plus souvent à une trop forte sollicitation des tendons, mouvements excessifs ou répétés. La tendinite peut également être provoquée par des micro-traumatismes directs (coups, chocs). Les lésions dues au frottement du tendon contre l’os, provoquent l’usure et la micro-rupture de ces fibres tendineuses qui s’accompagnent d’une réaction inflammatoire douloureuse, pouvant atteindre la gaine synoviale entourant les tendons. Il existe aussi des tendinites médicamenteuses (statines, fluoroquinolones). De nombreuses parties du corps peuvent être concernées ; le coude, (tennis elbow ou épicondylite), le tendon d’Achille chez les coureurs, le genou, l’épaule ou encore le poignet. Le principal symptôme de la tendinite est la douleur au niveau des tendons lésés, décrite comme lancinante, généralement calmée au repos et aggravée par le mouvement. Elle peut cependant être constante au repos. Les signes de l’inflammation locale, rougeur, chaleur, et œdème sont parfois présents. Selon la gravité, il peut y avoir une simple gêne ou une limitation des mouvements lorsque la tendinite est importante. Il faut savoir que les tendinites concernent aussi bien les sportifs que le travailleur, le jardinier ou le bricoleur puisque toute activité répétitive, aggravée par un mouvement incorrectement effectué, peut entraîner une tendinite.
Il ne faut pas les confondre avec les entorses, traumatismes dus à une torsion survenant aussi au décours d’une activité sportive. Lors d’un traumatisme (choc, mouvement contraire), l’articulation peut se retrouver dans une position qui dépasse son amplitude naturelle, entraînant une lésion douloureuse. On distingue les entorses bénignes (foulure) en cas de simple étirement, les entorses de gravité moyenne en présence de déchirure de quelques faisceaux, enfin les entorses graves lors de la rupture totale des ligaments. Les articulations de la cheville et du genou sont les plus fréquemment atteintes. La symptomatologie de l’entorse permet d’évoquer la gravité de la pathologie.
Dans les entorses bénignes, l’articulation est sensible, un œdème apparaît après quelques heures sans ecchymoses et les mouvements de l’articulation sont possibles. Dans les entorses modérées, la douleur sera plus importante, les mouvements seront limités mais possibles et l’œdème apparaîtra en moins de 4 heures avec une ecchymose. En cas d’entorses graves, une sensation de déchirement ou de craquement peut être ressentie, l’œdème apparaîtra en quelques minutes suivi d’un hématome dans les 24 heures, la douleur est intense et le mouvement de l’articulation quasiment impossible. Les entorses peuvent laisser des séquelles comme une instabilité ou des douleurs chroniques.
Les mots du conseil
Reconnaître les critères de gravité.
Par l’interrogatoire, le pharmacien repérera les critères de gravité justifiant une consultation médicale urgente : intensité de la douleur, degré d’impotence fonctionnelle, apparition rapide d’un œdème et d’ecchymose, sensation de déchirure ou de craquement.
Les premiers soins.
Quelle que soit la gravité de l’entorse, les premiers soins restent les mêmes ; il faut appliquer le protocole GREC : « glace, repos, élévation, compression ». Ces 4 étapes ont pour but de diminuer l’œdème, d’apporter un effet anti-inflammatoire et antalgique, et de limiter les complications.
Le glaçage de la zone douloureuse se réalise par l’application d’une poche de froid ou de la glace dans un linge pour protéger la peau et éviter une brûlure, pendant 15 minutes, plusieurs fois par jour, jusqu’à disparition de l’œdème. Le froid provoque une vasoconstriction qui limite la propagation de l’inflammation et apporte un effet analgésique.
L’articulation sera mise au repos pendant quelques jours, pour éviter les mouvements douloureux, en surélevant le membre atteint pour favoriser le drainage. Une contention temporaire aura été appliquée pour immobiliser l’articulation avec des bandes élastiques de contention adhésives ou cohésives. Un antalgique par voie orale pourra être conseillé, le paracétamol de préférence, et des cannes anglaises (si genou ou cheville) seront proposées pour mettre le membre en décharge, en attendant la consultation médicale, qui établira le degré de gravité de l’entorse et la prise en charge.
La douleur de la tendinite sera également soulagée par l’application de froid, complétée d’un traitement antalgique et anti-inflammatoire local. Une contention légère limitera l’élongation des tendons lors des mouvements et contribuera à l’atténuation de la douleur.
Éduquer.
Un patient guérira d’autant plus vite et évitera les rechutes s’il comprend les mécanismes de la pathologie dont il est atteint, respecte l’observance du traitement et applique des mesures préventives. Le pharmacien aura donc un rôle d’éducation auprès des patients à risque d’entorses (sportifs, antécédents d’entorses, sujets âgés ou en surpoids) ou de tendinite (sportifs, tendinite professionnelle…), en expliquant que le traitement médicamenteux ne dispense ni du repos, ni du port de l’orthèse et en rappelant les mesures de préventions.
Mesures préventives.
L’activité physique doit être reprise en douceur. Les phases d’échauffement et de récupération sont primordiales, et trop souvent négligées chez le sportif amateur. L’équipement doit être adapté à la taille, au poids et au niveau sportif. Proscrire les exercices qui surchargent les tendons fragiles. Si des douleurs apparaissent, cesser l’activité. L’erreur à éviter est de poursuivre l’activité physique en cas de tendinite douloureuse, en raison du risque de rupture du tendon et de guérison encore plus longue.
L’hydratation doit être suffisante et régulière car tout déficit en eau se répercute entre autres sur les tendons qui seront moins irrigués. De plus, elle permet l’élimination des déchets acides. Enfin, le port d’une contention est recommandé dans la reprise du sport ou d’une activité, chevillère ou genouillère élastique de contention ou ligamentaire, par exemple.
Prise de mesure à l’officine.
Dans tous les cas, il faut respecter les recommandations des fabricants car les mesures varient d’un laboratoire à un autre. Pour une chevillère, le patient doit être assis, pied à angle droit pour mesurer la circonférence de la cheville au-dessus des deux malléoles. Tenir compte de l’augmentation possible de l’œdème selon les heures de la journée.
Pour une genouillère, le patient doit être assis, la jambe légèrement pliée pour mesurer la circonférence de l’articulation au pli de flexion, le tour de cuisse et de mollet à une distance de la rotule, fixée par le fabricant (en général 15 à 20 cm).
Produits conseils
Cryothérapie
Les produits de cryothérapie sont disponibles sous formes de gel (Biofreeze), de bombes aérosol (Velpeau sport.), de poche à usage unique à appliquer directement (Axmed pask), ou de coussin thermique réutilisable à placer au congélateur avant utilisation (Nexcare cold hot...). Les bombes projettent un froid intense et pendant une durée suffisante pour soulager la douleur. Attention à pulvériser loin de la peau et à s’arrêter dès l’apparition de givre pour éviter les brûlures. Les gels ne doivent pas être utilisés sur des plaies ou une peau lésée.
Anti-inflammatoires locaux.
Les principaux principes actifs utilisés en application locale sont le kétoprofène, l’ibuprofène et le diclofénac. Ils se présentent sous forme de gel (Ibutop, Voltareneactigo) de compresses (FlectorTissugel EP) ou d’emplâtre (Voltarène plast). Les compresses imprégnées présentent l’avantage d’une diffusion constante et prolongée du principe actif pendant 12 à 24 heures.
Une application par jour entre 3 et 7 jours dans l’entorse et 1 application matin et soir 7 jours dans les tendinites pour Flector tissugel. Pour Voltarène plast, un maximum de 2 emp/jour sans traiter plus d’une zone douloureuse à la fois.
Homéopathie.
L’arnica favorise la résorption de l’hématome dans les entorses bénignes : 1 dose en 15 CH immédiatement puis 3 gr à 7CH toutes les 15 minutes pendant les 2 à 3 heures suivant le traumatisme.
Diététique du sportif.
Le sportif produit beaucoup de déchets métaboliques acides, qui altèrent les tissus (tendons et articulations) et favorisent l’apparition de tendinites et d’entorses. Nous savons que l’hydratation est fondamentale pour éliminer ces acides. Même si l’eau reste l’élément essentiel pour nettoyer l’organisme, périodiquement un drainage aide à remobiliser les acides et à les éliminer (Ergydraine 1 bouchon pour 1,5 l d’eau). De plus, pendant et après l’entraînement, un apport de minéraux alcalinisants peut rééquilibrer le pH tissulaire (Ergysport Effort et Ergysport récup 2 à 4 gel/jour).
Orthopédie.
Suivant les pathologies, les appareillages sont différents. En cas d’entorse, plus la lésion est importante, plus la stabilisation de l’articulation est indispensable.
Une contention temporaire pourra être réalisée avec des bandes de contention élastiques adhésives (Élastoplaste) ou cohésives (Coheban). Un strapping, bandage permettant l’immobilisation souple, peut être réalisé par un kiné ou un médecin pour qui la technique est maîtrisée.
Les articles de contention élastique comme les chevillères, ou les genouillères (Gibortho, Ortel), apportent un effet proprioceptif et une réduction de l’œdème. Ils peuvent être utilisés dans les simples foulures, mais sont plutôt réservés en prévention de la reprise d’une activité sportive ou professionnelle après un traumatisme. Pour les entorses bénignes, l’utilisation de chevillère ou de genouillère ligamentaire est préférée. Elles présentent des sangles qui ne doivent être ni trop serrées ni pas assez, ou des renforts latéraux qui renforcent les ligaments lésés et favorisent la cicatrisation ligamentaire. Les genouillères existent avec ou sans ouverture rotulienne, l’évidement rotulien permettant la diminution de la pression sur la rotule (Ligastrap, Gibortho ligamentaire...).
Mais dans les entorses plus graves du genou, une orthèse articulée présentera un maintien supplémentaire car elle limite les mouvements de latéralité et de flexion extension (Ligaflex évolution, Ligaction pro). Une attelle d’immobilisation « attelle de Zimmer » (Ligaflex immo) immobilisera le genou en extension tout en permettant la marche avec appui (canne anglaise), et évitera une immobilisation plâtrée et ses conséquences.
Pour les entorses plus graves de la cheville, l’orthèse stabilisatrice rigide de cheville est préconisée. Elle est composée de coques qui maintiennent l’articulation et de coussins de protection gonflables pour certaines pour une meilleure adaptation à la morphologie (Ligacast Air), avec inserts réfrigérants pour d’autres (Ligaclast gel, Actimove talocast-Airgel).
Dans les tendinopathies achilléennes, une chevillère de protection achilléenne pourra être portée, munie d’une talonnette en silicone qui met le tendon en détente. Dans les tendinites rotuliennes, une genouillère rotulienne (Gibortho rotulienne) emprisonne la rotule en la soulageant des contraintes exercées.
- VIDAL 2009
- HAS janvier 2000 « Rééducation externe de la cheville : Recommandations ».
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