AU-DELÀ de la question de vie et de mort présente dès l’annonce d’un cancer, existe la peur du traitement, et particulièrement de ses conséquences esthétiques : peur de perdre ses cheveux, peur de ne plus se reconnaître, peur de vieillir... trop vite.
C’est ce constat qui a amené le Dr Isabelle Sarfati, chirurgien plastique, et le Dr Catherine Arro, dermatologue à ouvrir une consultation bi-focale de dermatologie et de médecine esthétique à l’Institut du Sein. Toutes deux, habituées à suivre des patientes abîmées par des chimios ou des opérations chirurgicales délabrantes, se sont données pour objectif de restaurer ces femmes, pas seulement sur un plan physique, mais aussi sur un plan psychologique. La perte des cheveux, les cicatrices de chirurgie, l’acné invalidante, la sécheresse de la peau, la prise de poids sont autant de petites agressions qui s’attaquent à la féminité, et plus encore à la perception de soi.
Prévenir, traiter et améliorer, tel est le credo de cette consultation. Les patientes, parfois orientées par leur oncologue, viennent chercher des conseils cosmétiques, des soins esthétiques (traitements dermatologiques, injection de toxine botulique ou d’acide hyaluronique, etc.), voire de la chirurgie esthétique. « Nous sommes là pour des petits conseils comme pour des vrais soins », explique le Dr Catherine Arro. Un principe : les patientes viennent d’elle-même. « On est là pour répondre à une demande, on n’est pas là pour en proposer une. On leur impose déjà une chirurgie, une chimiothérapie (...) ça n’a pas de sens de leur imposer une chirurgie esthétique », poursuit le Dr Isabelle Sarfati.
Le soin esthétique ne doit pas être imposé et il importe à ces deux femmes médecins de balayer le tabou de la beauté des femmes sous chimiothérapie : même réversibles, les effets secondaires ne doivent pas pour autant être subis. Prendre soin de soi, c’est aussi décider pour soi. Selon le Dr Isabelle Sarfati, « le fait de s’occuper de soi est anxiolytique ». Plus qu’une reconstruction esthétique, c’est une reconstruction narcissique globale.
En concertation.
Hors chimio, et sous réserve d’une hémostase équilibrée, les interventions esthétiques peuvent être pratiquées sans contre-indications. Quant aux chimiothérapies chroniques, notamment dans le cadre des cancers métastasés, une concertation avec l’oncologue permet de s’accorder sur la nature et le planning idéal de l’intervention par rapport aux cures. La consultation esthétique est donc une consultation encadrée, à l’interface entre les besoins de la patiente et son équipe d’oncologues, qui allie les compétences d’une chirurgienne et d’une dermatologue. Un lieu où l’image de soi est bichonnée et où la féminité peut être parlée. Un impact psychologique positif, dont le Dr Catherine Arro se félicite : « Nous sommes là pour leur prouver que, mêmes malades, elles peuvent rester belles et désirables et qu’elles peuvent continuer à s’occuper de leur apparence. C’est aussi un pas de la guérison. » Un message optimiste est lancé aux femmes souffrant de cancers de sein : la beauté est un droit, chimio ou pas. Seul bémol, cette beauté a un prix. Pas de remboursement des soins esthétiques, même dans le cadre du traitement d’un cancer du sein.
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