On sait le poids du diabète, surtout de type 2 (qui représente environ 90 % de tous les cas de diabète), en France et dans le monde. Une « maladie modélisante des pathologies chroniques », selon le Pr Luc Martinez (La Rochelle).
Rappelons que, dans notre pays, l’âge moyen du patient diabétique ressort actuellement à environ 67 ans, ce qui signifie que ces patients, indépendamment de leur pathologie (ils sont, en outre, souvent atteints d’une ou plusieurs comorbidités), relèvent des recommandations de la vaccination antigrippale (sujets de 65 ans et plus). Or, le taux de couverture vaccinale contre la grippe en France n’était que de 46 % en 2017 chez les sujets porteurs d’une maladie chronique (50 % chez les 65 ans et plus, 29 % chez les moins de 65 ans).
Un surrisque infectieux
Le fait qu’on se soit longtemps focalisé sur la morbimortalité cardiovasculaire (surrisque d’infarctus du myocarde multiplié par 2,2, par 1,6 pour les accidents vasculaires cérébraux et par 7 en ce qui concerne les amputations au niveau des membres inférieurs) ne doit pas faire oublier que de nombreuses personnes atteintes de diabète décèdent aussi d’infections.
De fait, de nombreux travaux ont établi un lien entre l’hyperglycémie et une majoration du risque infectieux, comme un risque multiplié par 3 de développer une tuberculose pour une hémoglobine glyquée supérieure à 7 % ou encore une corrélation positive entre le niveau de la glycémie et les infections des voies respiratoires chez les patients diabétiques.
De nombreux mécanismes sont évoqués pour expliquer une baisse de la réponse immunitaire, parmi lesquels une altération de la phagocytose, une altération de l’activation du complément ou encore une diminution de la dégranulation des polynucléaires neutrophiles et une stimulation de l’activité infectieuse du virus influenza en rapport avec une augmentation de la concentration en glucose dans les voies aériennes.
La preuve par la clinique
Des études récentes chez l’homme se sont intéressées à la problématique existant entre le diabète et la grippe. Le Pr Luc Martinez a ainsi exposé les résultats très significatifs de trois études réalisées à l’occasion de l’épidémie de grippe à A/H1N1 de 2009, concernant des formes sévères ayant conduit à une hospitalisation en soins intensifs. Une première étude menée au Canada a montré que les diabétiques ont un risque multiplié par 4 à 5 d’être admis en soins intensifs. Une deuxième étude menée en Allemagne a conclu à un surrisque de décès de 2,3 chez les patients diabétiques et une troisième étude française cette fois, à un tel surrisque de 3,5.
Comme on le voit, il existe donc une forte concordance pour affirmer que le patient diabétique est un sujet à haut risque de complications infectieuses sévères en cas de grippe, auxquelles participent d’ailleurs largement les surinfections pneumococciques (rappelons à ce sujet le taux de couverture vaccinale exceptionnellement faible contre le pneumocoque en France).
En conclusion, le Pr Martinez a appelé à comprendre les freins organisationnels à la vaccination et à encourager la vaccination grippale aussi bien que pneumococcique chez tous les diabétiques.
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