C’EST l’histoire d’une garde à vue ordinaire. L’homme est interpellé pour une petite escroquerie. Amené dans les locaux du commissariat il commence à tousser, se plaint de maux de tête et d’une fièvre soudaine. Très vite, il évoque lui-même le diagnostic de grippe H1N1 et sollicite une consultation médicale. Transfert à l’hôpital, nuit d’observation sous surveillance policière, rien n’y fait, l’homme n’héberge aucun virus suspect, concluent les médecins. L’habile subterfuge n’aura servi à rien, sinon à prolonger un peu la durée de la garde à vue du simulateur… Des histoires comme celle-ci, qui impliquent de près ou de loin le virus « star » de la rentrée, l’actualité en est truffée. Et aucun domaine ne semble épargné. Pas même le milieu sportif : le médecin de l’Olympique Lyonnais n’a-t-il pas recommandé à ses joueurs d’éviter de serrer la main de leurs adversaires et de ne pas cracher sur le gazon des stades ? Le monde du travail, également très soucieux de se prémunir contre la pandémie annoncée, fourbit ses armes : affichage des mesures d’hygiène et plan de continuité de l’activité, bien sûr, mais pas seulement. Certaines sociétés spécialisées, avec un peu d’opportunisme, proposent ainsi aux entreprises une assistance informatique ou télématique qui compensera utilement l’absentéisme massif en cas de vague épidémique.
Rempart contre toutes les peurs, la religion aussi entre en guerre contre l’ennemi minuscule. Évoquant clairement la crainte de pandémie, le cardinal de Lyon a prié le 8 septembre pour « la grâce de la paix intérieure et de l’espoir ». En attendant que ses prières parviennent au ciel, l’archevêque de Naples exhorte, lui, ses ouailles de ne plus embrasser le reliquaire de San Gennaro, du moins tant que l’affreux virus circulera. Autre mesure prophylactique, augmenter le taux d’alcool du vin de messe, tel est le curieux choix de l’église suédoise, qui espère ainsi limiter le risque de contamination lors de la communion des fidèles. Pour la même raison, les ministres arabes de la Santé, réunis au Caire en juillet, ont ainsi recommandé aux fidèles de plus de 65 ans et aux moins de 12 ans de ne pas se joindre au pèlerinage de La Mecque qui aura lieu fin novembre. À Jerusalem, consigne a été donnée de ne pas embrasser les rouleaux de la Torah pour les célébrations du Nouvel an juif dans les synagogues.
La menace pandémique touche bien sûr aussi la sphère politique. Tandis qu’une ancienne garde des Sceaux exprime sa crainte que la grippe devienne « prétexte à des lois d’exception », des opposants au projet de loi « Hadopi 2 » proposent des cours en ligne utiles en cas de fermeture de classe, et trouvent ainsi un nouvel argument de lutte.
Sport, travail, religion, politique, le nouveau virus est cuisiné à toutes les sauces. Un médecin new-yorkais, le Dr John Clarke, en a même fait une chanson : « H1N1 est dans le coin/Sors le gel anti-germes/Et lave-toi les mains ». Le rap de prévention fait fureur outre-atlantique. Moins chanceux, notre Johnny national a été contraint d’annuler, toujours à cause du satané virus, le concert qu’il devait bientôt donner à Saint-Denis-de-la-Réunion.
Principe de précaution, excès d’information, psychose collective, le thème n’a pas fini de susciter craintes, passions et débats. Un dernier exemple de la H1N1mania ? Une nouvelle application du célèbre IPhone permet de suivre en temps réel l’évolution de la grippe A à l’autre bout du monde, comme au coin de la rue. On peut arrêter une épidémie, mais on n’arrête pas le progrès.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques