LES MEMBRES de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM), qui se sont réunis à l’Académie de médecine à l’occasion d’une séance sur « la prise en charge personnalisée du cancer du sein » s’inquiètent des conséquences de la dramatisation de l’affaire des prothèses PIP. « Les patientes ont peur », témoigne le Dr Rémy Salmon, chirurgien cancérologue à l’Institut Curie qui évoque notamment la difficulté de faire accepter aux femmes la chirurgie prophylactique dans la prise en charge du cancer du sein avec prédisposition génétique.
« C’est triste que les femmes hésitent à se faire reconstruire. On n’est pas dans le Mediator », tempère le Dr Nathalie Bricout, chirurgienne plasticienne, pour qui le seul « vrai problème » des prothèses PIP est le pouvoir irritant du gel qui peut conduire, chez certaines patientes, à des réactions inflammatoires. En revanche, il n’y a aucune relation entre ce gel et le cancer du sein, poursuit-elle en précisant que le gel employé par la société Poly Implant Prothese est de moindre qualité que celui destiné aujourd’hui à des produits implantables. « Les fabricants proposent maintenant des produits plus purs, avec une réduction drastique de résidus de catalyse et de chaînes courtes », une composition dont ne bénéficiaient pas les premiers implants mammaires en gel de silicone, avant 2001. Par ailleurs, les fabricants d’implants ont ajouté, dans les enveloppes, une couche-barrière fluorée qui réduit les problèmes de perspiration, ce que le fondateur de PIP, Jean-Claude Mas, a omis dans la fabrication de ces produits.
Un bénéfice esthétique.
En accord avec les recommandations de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), les praticiens de la SFSPM estiment que les femmes porteuses de prothèses PIP doivent envisager une réintervention en raison du caractère irritant du gel. Mais, en l’absence de signe clinique de détérioration, cette intervention ne possède aucun caractère d’urgence, soulignent-ils en rappelant qu’une intervention sous anesthésie générale n’est jamais anodine et que la patiente doit y trouver « un bénéfice esthétique secondaire ». Toute rupture, suspicion de rupture ou de suintement doit conduire à l’explantation de la prothèse, mais cette surveillance n’est pas facile d’autant que la présence de liquide n’est pas forcément le signe d’une rupture. « Ce liquide peut être physiologique autour du sein », explique le Dr Bricout qui a fait partie du comité scientifique mis en place fin 2011 par le gouvernement pour évaluer les risques associés aux prothèses PIP. « Il faut un faisceau d’arguments », ajoute-t-elle. Luc Ceugnart, radiologue à Lille, convient également qu’il n’y a pas de moyens sûrs et certains pour constater la rupture : « L’échographie est de valeur très modeste. L’IRM apporte plus de renseignements, mais peut engendrer des faux positifs. »
« La malversation est indiscutable dans cette affaire », reprend le Dr Nathalie Bricout. « Si on m’avait proposé des PIP, j’aurais refusé », en raison notamment de deux produits « pas bons » déjà commercialisés par Jean-Claude Mas : des prothèses de sérum physiologique et d’hydrogel. « Mais je n’avais pas de preuves », regrette-t-elle en rejetant la faute sur l’AFSSAPS qui, selon elle, aurait dû faire plus de contrôles inopinés. « Il faut également clarifier le système de matériovigilance des dispositifs médicaux qui est beaucoup trop lourd », une complexité qui expliquerait que les médecins n’ont pas suffisamment notifié les ruptures. Si aujourd’hui la qualité des prothèses mammaires proposée par les fabricants français est indiscutable, les patientes doivent toutefois savoir que « l’implant idéal n’existe pas » et que sa durée de vie médico-légale est d’environ dix ans. « Un implant n’est pas éternel, soit parce que l’implant est usé mais aussi parce que le sein vieillit pour son propre compte », prévient la spécialiste.
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