D’EMBLÉE, le Dr Marc Danzon a souligné combien il est important de prendre conscience que la notion même de système de santé est en train de changer, et que cette évolution aura de nombreuses conséquences. Puis il a passé en revue et commenté les multiples responsabilités actuelles d’un système de santé. « La première concerne les soins, qui est naturellement fondamentale. Puis viennent la prévention dans laquelle les professionnels de santé ont une très forte responsabilité à assumer, la promotion de la santé, comme les campagnes antitabac, et, enfin, ce que l’on appelle les déterminants de santé, qui comprennent la manière dont le système se situe face à l’exclusion et à la pauvreté. Si ce n’est pas le rôle des professionnels de santé de lutter contre ces derniers, il est de leur responsabilité de faciliter à tous, dans les meilleures conditions et sans distinction, l’accès au système de santé ; or, actuellement, quand on considère que ceux qui utilisent le mieux le système de santé sont les personnes appartenant aux couches les plus favorisées de la société, on peut penser qu’une discrimination positive doive s’imposer. » Tout cela explique que l’activité du professionnel de santé ne se limite pas à la seule dispensation des soins.
Les voies d’amélioration des systèmes de santé.
Marc Danzon a identifié cinq principaux domaines pour lesquels l’OMS estime qu’il faut mieux faire. L’accès universel au système de soins vient en tête car c’est « un problème absolument fondamental, tant sur le plan national qu’international ». La qualité et la sécurité des soins représentent des points non moins essentiels, qui ouvrent sur l’évaluation des pratiques. Une meilleure utilisation des ressources, à la fois humaines et financières, devient indispensable et « nous avons beaucoup à apprendre d’autres secteurs de la société ». Le dernier point, très actuel comme on le sait, est représenté par la capacité à répondre aux crises sanitaires ; en effet, « partout dans le monde, les systèmes de santé sont sous pression, car ils doivent faire face, en plus de leurs activités habituelles déjà lourdes, à la prise en charge des crises, prévisibles ou imprévisibles, sources de nombreux problèmes supplémentaires ».
Une des clés importante de l’évolution réside, selon Marc Danzon, dans le partage de valeurs communes, au premier rang desquelles la solidarité, « car nous sommes tous responsables, à commencer bien entendu par les responsables gouvernementaux, de l’éventuelle mauvaise organisation sanitaire au niveau international, et il est maintenant important d’agir dans le sens d’une globalisation sociale, incluant la globalisation de la santé ».
Le besoin d’une meilleure gouvernance.
La multiplication d’initiatives menées indépendamment les unes des autres, par exemple en ce qui concerne le sida et la tuberculose, dont la coordination est parfois difficile, complique la situation et absorbe un temps précieux des responsables de l’OMS. « Mais il est aujourd’hui très difficile de définir des priorités et de s’y tenir », a souligné Marc Danzon. Cela tient au fait que le budget de l’OMS n’est assuré qu’à hauteur de seulement 20 % de ses besoins, le reste devant être négocié avec chaque État membre sur des sujets d’intérêt national, voire avec des sources privées.
Un point à remarquer est que, en plus des classiques recommandations incitatives dont l’impact est lié à l’autorité morale de l’OMS, cette dernière dispose aussi, depuis peu, de deux outils plus « directifs », représentés par les conventions, comme celle sur le tabagisme, qui s’imposent à tous les pays, et surtout, depuis l’année 2007, le Règlement sanitaire international pour aider les pays à faire face à une crise sanitaire mondiale.
Le cas d’école de la pandémie grippale.
En réponse à ceux qui pensent que, le virus grippal se révélant très peu dangereux, les mesures prises peuvent paraître excessives, Marc Danzon a rappelé que « nul ne sait ce dont l’avenir sera fait et que le passé nous enseigne que le danger vient parfois de vagues pandémiques ultérieures », et que « tous les professionnels de santé doivent avoir la sagesse de dire que nous ignorons totalement ce que fera ce virus dans l’avenir. Il aurait été irresponsable de ne pas miser sur la vaccination, une position à la fois de sagesse et scientifique. Et jamais un vaccin pandémique n’a été mis au point aussi rapidement, en présentant toutes les garanties de sécurité ».
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