« Nos résultats changent la compréhension de l’évolution du cancer, jusqu’ici centrée sur la tumeur, en établissant l’importance de la réponse immunitaire dans la progression du cancer. Les implications cliniques sont majeures pour les patients ayant un cancer au stade au stade avancé ; S’il était possible de prévoir le risque élevé de récidive, le traitement pourrait être adapté afin de cibler spécifiquement ses mécanismes d’échappement », explique le Dr Jérôme Galon, directeur du Laboratoire Inserm d’immunologie et cancérologie intégrative au Centre de recherche des Cordeliers à Paris, et principal auteur de l’étude publiée dans la revue Cell. Le Dr Galon est le cofondateur de HalioDx, une société de diagnostic en immuno-oncologie, experte dans l’analyse du micro-environnement tumoral et développant le test Immunoscore pour le cancer du côlon et d’autres cancers.
« Les travaux de Jérôme Galon aident à comprendre l’évolution métastatique en relation avec le micro-environnement immunitaire et peuvent contribuer au développement d’immunothérapies », commente pour sa part le Pr Thierry André, chef du service d’oncologie de l’Hôpital Saint-Antoine à Paris, qui n’a pas participé a ces travaux.
Dans l’étude parue dans Cell, l’équipe a analysé en détail une collection de plus de 30 métastases réséquées au cours de 11 années de suivi chez 2 patients ayant un cancer colorectal de stade IV et une survie exceptionnellement longue. Les chercheurs ont caractérisé le génome et le micro-environnement immunitaire au sein des métastases.
Parmi leurs résultats, ils ont constaté que :
1) chaque métastase est une maladie à part entière ;
2) le score d’immunoediting, plutôt que le nombre de mutations, est associé à une réponse immunitaire active (ou Immunoscore élevé) ; les clones immuno-édités sont éliminés et ne récidivent pas, alors que les clones tumoraux qui persistent et progressent sont immuno-privilégiés malgré la présence de lymphocytes T infiltrant la tumeur (TIL). Ainsi, une approche ciblant les néoantigènes clonaux pourrait prévenir la récurrence en attaquant les clones persistants non édités ;
3) l’absence d’editing est un facteur pronostique indépendant de récidive, tout comme l’Immunoscore et la taille métastatique ;
4) le risque le plus faible de récidive est associé à un Immunoscore élevé, la survenue d’immunoediting, et une faible charge métastatique.
Les chercheurs proposent dès lors un modèle de sélection parallèle pour la progression métastatique, selon lequel chaque branche d’évolution peut être imputée à des clones échappant à l’immunité.
Ils ont développé un modèle prédictif permettant d’estimer la probabilité de récurrence métastatique. Avec ce modèle, ils ont pu correctement prédire l’absence de récurrence métastatique chez un patient, et le risque élevé chez l’autre patient.
« Ces résultats confortent notre approche multimodale pour comprendre l’environnement immunitaire des tumeurs via l’immunogramme », commente Vincent Fert, PDG et cofondateur de HalioDx. « Cela doit nous inciter à élargir l’utilisation de l’Immunoscore pour les cancers au stade avancé dans le cadre de la recherche clinique.»
M. Angelova et al.,Cell, 175(3), 751, 2018.
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