Quelques définitions
Compression de maintien : compression légère, dite également de confort, de soutien ou antifatigue. Aucune norme officielle ne définit cette catégorie d’articles compressifs. La pression exercée à la cheville est généralement comprise entre 6 et 14 mm de Hg. Ces produits ne sont pas remboursables.
Compression médicale : en France, les dispositifs de compression médicale pour membres inférieurs sont classés selon la pression exercée à la cheville :
-classe I : 10 à 15 mm de Hg
-classe II : 15 à 20 mm de Hg
-classe III : 20 à 36 mm de Hg
-classe IV : plus de 36 mm de Hg
Ces dispositifs sont inscrits sur la LPPR.
Pression dégressive : c’est le principe utilisé en compression veineuse des membres inférieurs. La pression la plus forte est exercée au niveau de la cheville (exprimée en mm de Hg) et décroît le long de la jambe.
Compression progressive : contrairement à la compression dégressive, ce type de compression impose une pression plus élevée au niveau du mollet qu’au niveau de la cheville. C’est le principe de certaines chaussettes de sport. Les articles de compression progressive ne sont pas remboursables.
Denier : unité utilisée pour qualifier le poids de la fibre textile. Il correspond au poids en gramme pour 9 000 m de fibres. Plus le denier est petit, plus le bas est fin et élastique. Sur le marché, la majorité des articles de compression légère sont à 40 ou 70 deniers.
Décitex : autre unité de titrage de la fibre textile, correspondant au poids en gramme pour 10 000 m de fibres.
Maille : élément de base du tricot.
Trame : fibre qui passe transversalement à l’intérieur des mailles. Il n’y a pas de trame dans les articles de compression de maintien, ce qui explique la faible pression.
Guipage : enrobage des fils avec d’autres fibres textiles telles que le coton ou le polyamide.
Élasthanne : fibre utilisée pour ses propriétés élastiques. En compression de maintien, l’élasthanne entre dans la composition de la maille.
Classification CEAP (clinique, étiologique, anatomique et physiopathologique) : classification de référence des affections veineuses chroniques.
Un peu de physiopathologie
L’insuffisance veineuse chronique (IVC) toucherait entre 18 et 22 millions de personnes, dont 57 % de femmes et 26 % d’hommes. Elle se caractérise par un ralentissement du retour veineux vers le cœur. Les causes peuvent être mécaniques, liées à une distension des veines ou à des lésions au niveau des valvules. Celles-ci n’assurent plus leur rôle antireflux. L’IVC est également favorisée par un mode de vie ou une activité professionnelle à risque. Les jambes lourdes et gonflées, parfois douloureuses, et les varices naissantes constituent les symptômes d’une IVC légère. Dans les cas plus graves, l’IVC peut évoluer vers des troubles cutanés (eczéma) ou vers un ulcère de la jambe.
Les mots du conseil
Soyez scientifique…
Différentes études sont en faveur d’un bénéfice apporté par la compression de maintien. L’étude menée par Brown et Brown (1) a ainsi montré qu’une compression légère (6 à 12 mm de Hg) contribuait à améliorer la fonction des valves veineuses superficielles et d’une manière générale l’insuffisance veineuse modérée. Dans une autre étude publiée en 1997 dans la revue Phlébologie (2), les auteurs ont comparé des compressions de 8 à 16 mm de Hg à une compression placebo de 4,5 mm de Hg. Les résultats montrent une réduction de l’intensité des différents symptômes (lourdeurs, douleurs, gonflement…) de l’insuffisance veineuse des membres inférieurs lorsque la compression est supérieure à 6 mm de Hg à la cheville. Comme les médicaments de confort dans le domaine pharmacologique, les articles de compression de maintien apporteraient donc un bénéfice pour prévenir une maladie veineuse chez des sujets à risque (cf.
…et de bons conseils
Selon une étude IPSOS réalisée pour Sigvaris en 2009, l’insuffisance veineuse chronique reste méconnue des Français. La consultation est tardive et interviendrait dans 75 % des cas une fois que la pathologie est installée. Une prévention est donc nécessaire. À l’officine, celle-ci peut se concrétiser par la mise à disposition de supports d’information sur la maladie veineuse associés à un rayon de compression de maintien. Lors de la vente, il est toujours intéressant de rappeler le mode d’action de la compression et de prévoir pour cela des supports techniques (posters…). Grâce au principe de pression dégressive, la compression s’oppose à la stase veineuse (stagnation du sang) et à la distension des veines. Elle améliore le retour veineux et limite le reflux sanguin. La compression améliore la circulation lymphatique.
Des mesures simples peuvent en outre contribuer à prévenir ou améliorer les symptômes de l’insuffisance veineuse. Il est ainsi recommandé de surélever les jambes chaque fois que possible (au niveau du lit par exemple) ou encore de doucher les jambes à l’eau froide. Selon le profil du patient, la pratique d’une activité sportive telle que la marche, la natation, la gymnastique ou le vélo, sera conseillée. Le port de vêtements trop serrés et de chaussures inadaptées (bottes) est déconseillé. Enfin, l’exposition exagérée des jambes au soleil ou à des sources de chaleur constitue un facteur de risque.
Les produits conseils
Si vous décidez de développer le segment du bas de maintien, soignez le référencement ! Des articles revendiquant une compression de maintien sont disponibles dans certains magasins de prêt-à-porter ou sur internet, à des prix alléchants mais sans aucune garantie de qualité ni d’efficacité. En pharmacie, la santé du patient est prioritaire et l’assurance de la qualité des produits vendus est essentielle. En l’absence de normes officielles, le pharmacien doit exiger du fabricant que certains critères soient respectés :
-la valeur de la pression à la cheville en mm de Hg doit être indiquée sur l’emballage. Attention, le denier ne doit pas être assimilé au niveau de compression ;
-des contrôles d’étalonnage doivent avoir été réalisés ;
-le fabriquant doit démontrer que la compression est dégressive ;
-l’article doit être de bonne qualité, en particulier au niveau des coutures. La durée de vie des bas de maintien doit être supérieure au bas de ville, au minimum d’un mois ;
-la composition doit être précisée ;
-l’article doit être élégant, agréable à porter (qualité du textile) et facile à enfiler pour garantir l’observance.
Enfin, les gammes référencées doivent proposer un large choix de tailles et de couleurs, pour femmes et pour hommes, afin de satisfaire les clientes et les clients.
Quelques gammes.
Des grandes marques de compression médicale ont développé une gamme de compression de maintien. C’est le cas de Sigvaris, qui propose les articles de maintien Delilah (chaussettes, bas cuisse autofixants, collants et collants maternité) pour les femmes. Pour les hommes, Sigvaris propose la gamme Inneo, dont les chaussettes opaques d’aspect côtelé disponible en marine, noir ou sable. Toujours chez Sigvaris, la gamme Traveno est préconisée en prévention des voyages aériens de longue durée. Chez Gibaud, la gamme de compression de maintien s’appelle Activline, pour hommes et pour femmes. Juzo propose une gamme de compression de maintien dans des couleurs originales. Bauerfeind a élaboré une gamme complète d’articles de compression de maintien, sous le nom de Veinotrain Act. Pour homme et pour femme, elle offre un large choix de tailles ainsi que de mailles (nid-d’abeilles, lisse), de motifs (croisillons) et de couleurs aux tonalités italiennes (chiaro, oro, nero ou daino). Veinotrain Act répond aux attentes de tous les clients, même à forte corpulence (Calibrato Veinotrain Act). Scholl, spécialiste des soins du pied, a développé des articles de compression de maintien, dont les mi-bas Finesse pour femmes ou les chaussettes Relax pour hommes. Enfin, le laboratoire Innothera, qui commercialise également des médicaments tels que Diovenor, propose la gamme Feel In.
Un bémol cependant ! Une grande partie des produits cités ci-dessus est en vente sur internet. L’avantage du pharmacien réside donc dans le large choix (couleurs, tailles, prix) de bas de maintien présenté à ses clients à l’officine, dans la qualité de ces produits, ainsi que dans le conseil associé, qu’il se concrétise par une vente de produits associés ou par des recommandations d’hygiène de vie.
Les produits associés.
La plupart des crèmes aux propriétés veinotoniques sont applicables directement sur le bas de compression. En complément des mesures hygiénodiététiques, ces produits permettent un soulagement rapide pour les jambes lourdes. Un médicament veinotonique ou de l’homéopathie (hamamélis composé) peuvent également être conseillés en complément des bas de maintien. Enfin, des dispositifs tels que des semelles de retour veineux (Activline Gibaud) ou le rehausse jambe sont préconisées pour prévenir ou soulager les symptômes de l’insuffisance veineuse.
Un marchandisage dynamique permettant de présenter l’ensemble de ces produits et une formation de l’équipe sur la maladie veineuse et les traitements associés constituent un avantage précieux pour développer, à l’officine, un segment de marché qui concerne plusieurs millions de Français.
1) Brown JM et Brown AM : Nonprescription, padded, lightweight support socks in treatment of mild to moderate lower extremity venous insufficiency. Journal Am Osteopath Assoc, 1995
2) Chauveau M. et Coll. : Force de compression et symptomatologie de l’insuffisance veineuse fonctionnelle des membres inférieurs : efficacité comparée de six degrés de contention. Phlébologie, 1997
Pharmaco pratique
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