VOTRE RÉCENT article sur l’utilisation des défibrillateurs cardiaques automatiques à l’officine (édition du 22 février) dresse un état des lieux sur l’équipement des pharmacies pour ce type de matériel et, par voie de conséquence, sur l’implication des équipes officinales dans les soins de premiers secours.
Cette question est centrale à l’heure où notre profession, par l’intermédiaire du rapport Rioli, propose de nouveaux services répondant ainsi aux projets de nouvelles missions évoquées dans l’article 38 de la loi HPST. « Poste avancé de premiers secours », comme il est dit dans ce rapport : projet ambitieux mais combien nécessaire pour notre avenir. On y parle de proximité, de matériel disponible, de médicaments nécessaires aux premiers soins, on y est fait aussi allusion aux compétences de secouriste du pharmacien.
Bien sûr, les défibrillateurs sont utiles dans des situations extrêmes. Installés à l’officine ou à proximité, il y a un choix à faire au cas par cas selon l’implantation de celle-ci. Mais on sait aussi que le taux de survie des victimes dépend de la formation des secouristes utilisant ces appareils et de la précocité de leur intervention. C’est ici que l’équipe officinale pourrait se faire apprécier pleinement par une population de quartier ou de village pouvant compter sur des professionnels disponibles et formés à l’ensemble des gestes vitaux.
Une chose est sûre : nous pouvons réussir si nous nous dotons de tous les « ingrédients » indispensables pour faire de nos espaces professionnels des lieux où il serait possible de poser des gestes qui soignent et si besoin des gestes qui sauvent (avec ou sans défibrillateur). Il y a plusieurs années, certains responsables avaient déjà imaginé que nos officines puissent être aussi des postes de soins. Or l’ingrédient primordial reste la formation spécifique à ces gestes.
De là cette question : n’y aurait-il pas intérêt pour notre profession d’organiser le plus rapidement possible un recyclage régulier en soins de premiers secours pour chaque membre diplômé d’équipe officinale ? Déjà nos jeunes confrères sortent de la faculté avec un diplôme de secourisme en poche. Mais en l’absence de pratique, comment ne pas oublier ces gestes bien codés et si précis ! Qui peut financer une telle formation continue ? Il y a sûrement un consensus à trouver pour des financements provenant de différentes instances.
Savoir poser le geste qui peut sauver : n’est-ce pas la raison pour laquelle le corps des sapeurs-pompiers reste tant apprécié de nos concitoyens. Ils imposent le respect. Le monde officinal gagnerait à aller chercher quelque inspiration de ce côté-là pour améliorer son image…
Dernière réflexion : au niveau symbolique, n’y a-t-il pas quelque chose qui se joue entre les gestes qui soignent et qui sauvent et ceux de dispensation de médicaments ? Si les professionnels qui délivrent les médicaments savent aussi poser des gestes vitaux, la dispensation de ces derniers ne peut que gagner en considération. Du coup, le médicament ne devient-il pas un produit très spécifique, avec un rapport bénéfices/risques à ne pas négliger, et indirectement l’image du pharmacien ne se trouve-t-elle pas reconsidérée ?
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Françoise Amouroux
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