UN EXERCICE vigoureux et régulier est probablement le mieux que l’on peut faire pour préserver sa santé cardio-vasculaire. Toutefois, selon James O’Keefe et Carl Lavie, il convient d’en limiter la posologie, en pratique, de ne pas dépasser de 30 à 50 minutes par jour.
« L’idée selon laquelle la pratique toujours plus intense d’un exercice physique, comme de réaliser des marathons par exemple, ne peut vous faire que du bien est un mythe », déclarent les spécialistes dans leur éditorial. Au contraire, cette pratique est potentiellement délétère.
En 1975, dans une logique totalisante selon laquelle les activités aérobies sont bonnes pour la santé, un médecin sportif, le Dr Thomas Bassler, proclamait : « Un individu capable de courir un marathon, est immunisé contre les décès coronaires. »
Las, depuis, un corpus de données s’est accumulé, pour démontrer qu’un exercice trop poussé et pratiqué de manière chronique produit des contraintes insupportables pour le cœur. Même si le risque de tomber mort au cours d’un marathon n’est pas élevé, ne dépassant pas 0,5 pour 100 000 participants.
« Un exercice chronique extrême ne vous tuera pas nécessairement, mais il peut éroder les avantages conférés par un exercice régulier et modéré. »
Dans une étude chez 416 000 adultes suivis pendant huit ans en moyenne, de 40 à 50 minutes d’exercice vigoureux quotidiens diminuent le risque de décès d’environ 40 %, mais 45 minutes font figure de point d’inflexion de la courbe, au-delà duquel une durée supplémentaire ne se traduit plus en bénéfice. Pour 30 à 40 minutes, on observe des réductions d’incidence d’Alzheimer, de maladie coronaire, de diabète, d’ostéoporose et de dépression.
Microdéchirures du myocarde.
Les dommages au tissu cardiaque d’un exercice excessif en temps et en durée sont documentés. On peut observer des microdéchirures du myocarde, ce qui revient à la normale au bout d’une semaine, pourvu que la session ne soit pas répétée. Après des années et des décennies d’une pratique excessive et de traumatismes répétés, il peut y avoir des taches de fibrose myocardiques, en particulier au niveau de l’atrium et du ventricule droit, créant un substratum pour des troubles du rythme. La fibrillation auriculaire est trois fois plus fréquente chez les vétérans du marathon. Sous l’effet des contraintes excessives, le stress oxydatif peut également s’accroître, tout comme la fibrose vasculaire. Même les plaques coronaires sont concernées. Elles ont été trouvées agrandies chez des marathoniens réguliers, comparés à des témoins sédentaires.
Une cardiomyopathie intitulée « des philippides », réunissant la constellation des pathologies cardiaques, a été décrite chez des athlètes de l’extrême vétérans. Au final, Hippocrate l’avait prédit, « ni trop, ni trop peu », en matière d’exercice et d’alimentation. Les relations entre l’exercice et la santé suivent une courbe en U. À un extrême, les sédentaires purs et durs, et à l’autre les activistes du sport.
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