Plusieurs épidémies de rougeole ont frappé des pays européens en 2017. Au total, 14 600 cas ont été notifiés au sein de l’Union européenne, dont 37 décès, selon un rapport du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. C’est trois fois plus qu’en 2016. Dans 86 % des cas où le statut vaccinal était connu, la personne n’était pas vaccinée.
« Il est décourageant de voir des enfants mourir en raison d’une faible adhésion, de réticences à l’égard des vaccins, ou des pénuries de vaccin », a déclaré Vytenis Andriukaitis, commissaire à la santé de la Commission européenne, en demandant aux États membres de s’engager dans une démarche d’amélioration du taux de vaccination. En tête des pays les plus touchés se trouve la Roumanie (5 608 cas), suivie de près par l’Italie (5 098 cas), puis la Grèce (967 cas) et l’Allemagne (929 cas). La France, quant à elle, arrive en cinquième position avec 339 cas en 2017. Mais notre pays pourrait bien remonter en tête de classement, étant donné la forte augmentation du nombre de cas en ce début d’année : 509 cas en février, contre 236 en janvier et 65 en décembre. « Cette ascension rapide fait craindre une nouvelle épidémie d’ampleur importante, comme cela a été observé en France entre 2008 et 2012 », avance le Haut Conseil de la santé publique (HCSP).
De nouvelles recommandations
Face à ce fort risque, le HCSP a émis de nouvelles recommandations dans lesquelles il envisage notamment d’instaurer, en cas de période épidémique, une vaccination obligatoire de la rougeole chez les professionnels de santé et les professionnels au contact de populations vulnérables. Pour cela, les textes de lois doivent évoluer afin d'y introduire « une obligation temporaire de vaccination en cas d’épidémie ou de situations laissant craindre une épidémie », propose l’instance. De plus, le HCSP envisage d'autres mesures à instaurer en cas d'épidémie, telles que « des campagnes de vaccination contre la rougeole dans les milieux scolaires et universitaires », « une vérification et mise à jour par les établissements de santé et médico-sociaux du statut vaccinal de ses professionnels de santé vis-à-vis de la rougeole » et, sous réserve d'une évolution des textes de loi, « l’éviction de personnes n’ayant pas fait la preuve de leur immunisation, en particulier dans les collectivités de jeunes enfants et en milieu scolaire ».
Par ailleurs, le HCSP rappelle que le taux de couverture vaccinale est insuffisant en France (avec en 2015, un taux de couverture vaccinale de 78,8 % avec 2 doses chez les enfants âgés de 24 mois). Pour améliorer cette couverture, il est nécessaire d’avoir « une meilleure application de la vaccination des nourrissons pour atteindre un taux de couverture de 95 %, sans attendre l’impact de l’obligation vaccinale récemment mise en place (janvier 2018) » et d'adopter une « politique volontariste de rattrapage chez les personnes nées depuis 1980, en particulier dans les collectivités où le statut vaccinal des membres devrait non seulement être évalué mais effectivement mis à jour », précise le HCSP.
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