LA PRÉVALENCE de la goutte dans la population générale a fortement augmenté depuis 1990 non seulement dans les pays occidentaux, mais aussi de manière encore plus spectaculaire dans d’autres régions du monde, au Japon, en Polynésie, en Nouvelle- Zélande et même en Chine, alors que la maladie était quasi inconnue ou du moins très rare en 1980. Plus de 80 % des goutteux sont des hommes, les femmes sont presque exclusivement touchées après la ménopause, les estrogènes étant uricosuriques.
L’allongement de la durée de vie, la plus grande utilisation des diurétiques dans le traitement de l’hypertension artérielle ne sont pas seuls en cause : les modifications de l’alimentation et l’augmentation de la fréquence de l’obésité jouent vraisemblablement un rôle majeur, souligne le Pr Thomas Bardin (hôpital Lariboisière et université Paris-VII).
L’hyperuricémie chronique est le plus important des facteurs de risque. La Normative Age Study qui a suivi 2 046 hommes sains indemnes de goutte pendant quinze ans a montré que l’incidence cumulative sur cinq ans de la goutte passait de 0,6 % pour une uricémie comprise entre 60 et 70 mg/l à 2 % pour une uricémie entre 70 et 79 mg/l, pour atteindre 19,8 % pour une uricémie entre 90 et 99 mg/l et 30 % lorsqu’elle dépassait 100 mg/l.
Purines animales, alcool.
Les facteurs alimentaires jouent un rôle important dans la survenue d’une hyperuricémie et le développement d’une goutte primitive. Un régime riche en purines animales, une forte consommation d’alcool (bière et alcools forts essentiellement), de boissons sucrées à base de fructose sont corrélés à l’uricémie et à l’incidence de la goutte. L’indice de masse corporelle intervient également ; la réduction du poids diminue l’uricémie et l’incidence de la goutte.
La goutte est fortement associée à l’hypertension artérielle, et l’hyperuricémie est maintenant reconnue comme un facteur prédictif d’HTA. Il est également clairement établi qu’elle est très fréquemment associée à un diabète, à une dyslipidémie. Chez les patients atteints de goutte, la fréquence du diabète est corrélée à l’uricémie ; en Angleterre, 38,8 % des goutteux dont l’uricémie dépasse 100 mg/l sont diabétiques. Hyperinsulinisme et syndrome métabolique sont ainsi très fréquents dans la goutte primitive.
L’hyperuricémie semble avoir un effet direct, comme le suggèrent les modèles animaux rendus hyperuricémiques : effet sur la pression artérielle, induction d’une néphroangiosclérose, retentissement sur l’état vasculaire, rôle dans l’induction d’un syndrome métabolique par un régime riche en fructose.
de rhumatologie. Symposium organisé par le Laboratoire Ipsen et présidé par les Prs Thomas Bardin (Paris) et Gérard Chalès (Rennes).
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