Au cœur de l’ancien bassin minier, et plus particulièrement dans le territoire Lens-Hénin où les maladies cardio-neurovasculaires (MCNV) provoquent une mortalité prématurée supérieure de 81,4 % à la moyenne nationale, la réduction des inégalités fait partie des priorités de santé publique. Il ne faisait aucun doute pour l’ARS des Hauts-de-France comme pour l’URPS pharmacien de la région que les objectifs régionaux devaient cibler une amélioration de la prévention de proximité favorisant un diagnostic et une prise en charge précoce.
Si le principe d’un dépistage dans les officines de ce territoire vulnérable était acquis, encore fallait-il évaluer de manière scientifique la pertinence de l’intervention du pharmacien dans ce domaine. Un article paru dans « la revue de Santé publique » vient apporter la preuve de la plus-value de cette démarche. Comme le remarquent les pharmaciens et les autres auteurs de cette étude (1), « en France, (…) de nombreuses études concernent l’évaluation des interventions pharmaceutiques, mais peu s’intéressant à l’intérêt d’un dépistage des MCNV en officine ».
Cette étude, qui s’intègre dans le programme régional de santé pour l’amélioration du parcours de santé des personnes à risque ou atteintes de maladies cardio-neurovasculaires (ParCoeur), a été coordonnée par l’URPS Pharmacien des Hauts-de-France et cofinancée par l’ARS Hauts-de-France, la caisse primaire d’assurance-maladie de l’Artois et l’URPS Pharmacien. Ce financement a permis de couvrir à la fois le coût du matériel nécessaire à l’expérimentation, la formation des pharmaciens grâce à un module conçu par un groupe pluridisciplinaire et leur indemnisation à raison de 20 euros par dépistage.
Un pharmacien intégré dans le parcours de soins
Sur 534 patients repérés à risque (2), 471 patients naïfs ont été inclus par l’un des 37 pharmaciens d’officine participant à l’expérimentation (voir notre édition du 3 novembre 2016). 79 % de ces personnes ayant participé à l’expérimentation ont été orientées vers leur médecin traitant à l’issue du dépistage. Cependant, moins d’un patient sur cinq s’est résolu à le consulter. Parmi ces 68 patients, 20 % ont fait l’objet d’un diagnostic. Il portait essentiellement sur une hypercholestérolémie, ou dans certains cas sur une HTA isolée ou associée à hypercholestérolémie.
Le faible taux de patients ayant consulté son médecin est d’autant plus paradoxal que 44,2 % des personnes s’étaient portées volontaires pour bénéficier du dépistage. Comme le soulignent les auteurs de l’étude, cet intérêt démontre que la relation entre le pharmacien d’officine et le patient semble propice à l’adhésion des patients à une intervention de santé publique. « Ce type d’expérimentation valorise les nouvelles missions des pharmaciens d’officine en les intégrant pleinement dans le parcours de soins en coordination avec la médecine de ville et les autres professionnels de santé », résument-ils.
D’ailleurs, les autres pharmaciens de la région n’ont pas attendu la publication de ces résultats pour se lancer, eux aussi, dans le « repérage-dépistage ciblé du risque cardio-neurovasculaire en pharmacie de ville » (voir notre édition du 21 mars 2019). Cette fois à plus grande échelle car 700 officinaux sont concernés, avec une ambition affichée par l’ARS et l'URPS pharmacien d'identifier 40 000 personnes « à risque ».
https://bit.ly/2EaCsmZ
(1) Pierrine Aly, Grégory Tempremant, Sophie Houppermans, Fanny Maes-Patinier, Vincent Van Bockstael et Mohamed Lemdani.
(2) Présentant au moins un facteur de risque : surpoids apparent, fumeur ou ex-fumeur sevré de moins de trois ans, infarctus du myocarde ou mort subite survenus chez les parents, antécédents familiaux d'AVC avant 45 ans.
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