LES VERTUS du régime méditerranéen ont déjà été vantées par le passé dans la maladie d’Alzheimer. Mais la démonstration n’était pas parfaite et les scientifiques sont d’incorrigibles perfectionnistes. L’équipe du Dr Yian Gu travaillant au Taub Institute de New York vient de montrer qu’un régime alimentaire relativement proche du régime méditerranéen est bénéfique. Il s’agit alors de faire la part belle aux salades, noix, poissons, tomates, volaille, choux, fruits et légumes verts, tout en consommant peu de produits gras, viande rouge, abats et beurre. « Les aliments ne sont pas consommés isolément, écrivent les auteurs. C’est pourquoi une analyse par type de régime alimentaire, en prenant en compte les interactions entre les différents aliments, présente plusieurs avantages méthodologiques. » Les neurologues new- yorkais ont ainsi évalué de manière prospective la survenue d’une maladie d’Alzheimer chez
2 148 sujets âgés de plus de 65 ans habitant Manhattan et indemnes de la maladie à l’inclusion. Leurs habitudes alimentaires étaient consignées soigneusement afin de les rattacher à l’un des régimes alimentaires préalablement définis. Ceux-ci, au nombre de 7, étaient déterminés à l’aide d’un calcul par régression (Reduced Rank Regression), selon leur teneur en 7 nutriments associés, dans un sens ou dans l’autre, à la maladie d’Alzheimer : acides gras saturés, acides gras mono-insaturés, acides gras oméga 3 polyinsaturés, acides gras oméga 6 polyinsaturés, vitamine E, vitamine B12 et folates.
Sept nutriments clés.
Au cours du suivi moyen de 3,9 ans, 253 cas de maladie d’Alzheimer ont été diagnostiqués au sein de la population d’étude. Une batterie de tests neuropsychologiques et un examen physique étaient réalisés à intervalles réguliers de 1,5 an pour dépister la survenue du trouble neurologique. Près de 61 aliments ont été regroupés en 30 groupes selon leurs qualités nutritionnelles. Sept régimes alimentaires ont été définis au préalable selon leur teneur en 7 nutriments clés.
Après analyse de son carnet alimentaire, chaque participant était rattaché à l’un de ces 7 schémas. Il est apparu que le régime proche du régime méditerranéen était associé de manière significative à un risque moindre de maladie d’Alzheimer et le restait, y compris après ajustement sur l’âge, le sexe, l’ethnie, le niveau d’éducation, le tabagisme, l’indice de masse corporelle, l’apport calorique, les comorbidités et le génotype APOE4.
Supériorité méthodologique.
Cette étude aurait plusieurs avantages méthodologiques sur la cohorte Washington Heights-Inwood Columbia Aging Project (WHICAP) ayant évalué le régime méditerranéen (MeDi). Cette dernière présentait quelques limites : non-prise en compte des connaissances acquises sur la relation entre alimentation et neurodégénération, neuf groupes alimentaires identifiés seulement, caractère multiethnique suggérant que le régime n’est pas tout à fait le même d’un groupe à l’autre. Le travail du Dr Yian Gu et son équipe combine ainsi à la fois les bénéfices de l’approche a priori et de celle a posteriori. Les chercheurs ont utilisé, d’une part, les informations sur ce qu’on sait des nutriments et leur association avec la maladie et, d’autre part, les données recueillies de façon prospective dans la population de l’étude.
La composition alimentaire du régime protecteur refléterait les divers circuits identifiés dans le
développement de la maladie d’Alzheimer. « Par exemple, la
vitamine B12 et les folates qui interagissent avec l’homocystéine peuvent en réduire les taux circulants, expliquent les auteurs. La vitamine E préviendrait la maladie via ses puissantes propriétés antioxydantes, tandis que les acides gras auraient un effet sur l’athérosclérose, la thrombose ou l’inflammation. » Le régime décrit dans l’étude new-yorkaise, reflétant une alimentation riche en acides gras polyinsaturés (oméga 3 et 6), en vitamine E et en folates, mais pauvre en vitamine B12 et en acides gras saturés, protégerait de la maladie d’Alzheimer en agissant sur l’ensemble de ces voies.
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