En septembre dernier, l’utilisation d’Avastin (bévacizumab), médicament anticancéreux, est devenue possible dans le traitement des formes néovasculaires de la dégénérescence liée à l’âge (DMLA), dans le cadre d’une Recommandation temporaire d’utilisation (RTU).
Cette autorisation a été décidée par les autorités de santé afin de diminuer les coûts du traitement de cette pathologie. En effet, les deux médicaments ayant une AMM dans la DMLA sont vendus 738,40 euros (pour une seule injection de Lucentis) ou 730,10 euros (pour une injection d’Eylea). Étant donné ces tarifs, le traitement de la DMLA a coûté quelque 428 millions d’euros à l’assurance-maladie en 2013.
La prescription de l’Avastin (dont le flacon de 350 euros peut être fractionné en une vingtaine de doses, soit 20 euros l’injection) pourrait donc changer la donne, et permettre à la sécurité sociale de réaliser des économies conséquentes.
Une RTU pénalisante pour l’hôpital
Toutefois, on se rend compte que l’Avastin est peu utilisé dans les hôpitaux, qui préfèrent avoir recours à Lucentis ou Eylea. Cela tient au fait que la majorité des hôpitaux perdent de l’argent à réaliser une injection d’Avastin par rapport à celle de Lucentis ou Eylea.
« Globalement, l’hôpital touche 166 euros en cas d’injection de Lucentis et 103 euros en cas d’injection d’Avastin si l’hôpital ne prépare pas lui-même les seringues pour injection intravitréenne d’Avastin. On est à 63 euros en dessous du Lucentis », avance le Pr Gilles Aulagner, pharmacien aux Hospices Civils de Lyon et à l’origine de la RTU d’Avastin.
« Le modèle économique qui est en train de se mettre en place est fatalement pénalisant pour l’hôpital, ce qui explique la non-participation de beaucoup d’hôpitaux à la RTU », poursuit-il en ajoutant que « seuls les hôpitaux qui préparent les seringues de 0,1 ml de bévacizumab, à partir des flacons d’Avastin, facturées 100 euros (préparation + produit), pourront avoir un intérêt à avoir recours à l’injection d’Avastin en RTU. Pour les autres, on ne voit pas ce qui peut les inciter à se lancer dans une telle opération », d’autant plus que la procédure de RTU est assez lourde. Cette analyse se vérifie dans chiffres relevés sur le terrain.
Au 30 avril, seuls trois centres hospitaliers pratiquaient régulièrement des injections d’Avastin : les hôpitaux Paris-Cochin et Hôtel Dieu Paris (363 injections réalisées depuis le début de la RTU en septembre 2015, 133 patients) et les Hospices civils de Lyon (250 injections, 82 patients). Dans le reste de la France, les injections sont très exceptionnelles (13 administrations et 9 patients à Besançon, 3 injections et 2 patients à Nantes, une injection à Dax et 1 injection à Narbonne). Partout ailleurs, ce sont Lucentis et Eylea qui prennent le dessus.
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