Neurologie

La séduction, une affaire de neurones

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Publié le 10/04/2017
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Les mystères de la relation amoureuse n’ont pas fini de nous interroger. Appliquée au modèle animal cette problématique devient plutôt celle de l'attirance sexuelle. C'est cette dernière que des chercheurs de l’université de Caroline du Nord aux États-Unis ont tenté de décortiquer. Leurs travaux se sont attachés à identifier les neurones spécifiquement impliqués dans l'attirance innée que la plupart d’entre nous éprouvent pour le sexe opposé. En l'occurrence, chez M. et Mme Souris… Pour arriver à leurs fins, les biologistes ont dans un premier temps découvert dans l’hypothalamus des souris femelles, des neurones qui réagissaient fortement à l’odeur du mâle. Les chercheurs ont d'abord appliqué un procédé rendant ces neurones fluorescents dès lors qu'ils étaient activés. Ce qui leur a permis d’observer, de visu, l’activation de ces cellules nerveuses par l’odeur de souris mâles. Puis les biologistes ont rendu ces mêmes neurones activables par la lumière et les ont éclairés au moyen d'une minifibre optique. Résultat ? Les souris femelles ont immédiatement recherché la compagnie des mâles. Le même comportement a ensuite pu être induit chez les souris mâles pour les souris femelles. À noter toutefois que cette activation n’est possible chez les souris femelles qu’en présence des hormones sexuelles, ce qui explique l’intérêt cyclique des femelles pour l’odeur et la compagnie des mâles.

« Ces nouvelles approches d’optogénétique et d’imagerie par microscopie in vivo permettent d’interroger le fonctionnement des circuits de neurones avec une précision jamais atteinte, explique au « Figaro » Philippe Ciofi, chercheur à l'INSERM et spécialiste de l'hypothalamus. Il devient possible de tester in vivo, par une seule expérience et sur un seul individu, un concept dans toutes ses composantes de façon simultanée. »

Si elle lève un peu le voile sur l'intimité des comportements humains, cette avancée en neurologie ménage encore quelques belles années aux poètes et autres artistes qui dédient leurs talents à la mystique amoureuse.

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3341