« Nous décrivons pour la première fois une nouvelle stratégie non invasive qui apparaît très prometteuse pour éviter, chez un grand nombre de patients atteints de mélanome, la biopsie du ganglion lymphatique sentinelle, une procédure complexe, coûteuse, radioactive et invasive », explique au « Quotidien » le Dr Ingo Stoffels (hopital universitaire d’Essen en Allemagne), premier signataire de l’étude publiée dans la revue Science Translational Medicine. Le mélanome de la peau est en hausse continue dans de nombreux pays, en particulier parmi les populations à peau claire ; il se situe au 11e rang des cancers les plus fréquents en France et au 5e rang aux États-Unis.
Le mélanome, notamment si son épaisseur excède 1 mm, peut métastaser précocement dans la chaîne ganglionnaire la plus proche. La biopsie du ganglion sentinelle (BGS) est donc recommandée afin de rechercher la présence éventuelle de cellules tumorales (métastase microscopique) pour guider le traitement. Cependant, c’est une procédure invasive qui requiert une lymphoscintigraphie avec marqueur radioactif.
Présence de mélanine
Stoffels et coll. ont conçu une approche de tomographie photoacoustique (ou opto-acoustique) multispectrale (MSOT) pour visualiser le pigment mélanine dans les ganglions lymphatiques. La présence de mélanine dans les ganglions signerait en effet la dissémination du mélanome aux ganglions. Dans leur étude clinique, ils ont d’abord évalué la MSOT pour analyser ex vivo les ganglions sentinelles retirés. L’histologie guidée par la MSOT (148 biopsies de 65 patients avec mélanome), comparée au protocole standard de l’EORTC (506 biopsies de 214 patients), améliore le taux de détection des métastases (23 % contre 14 %).
Ils ont ensuite enrôlé 20 patients pour évaluer la méthode d’analyse in vivo par MSOT des ganglions sentinelles (GS). La MSOT combinée a l’injection du colorant fluorescent vert d’indocyanine (ICG) permet de visualiser de façon fiable tous les ganglions sentinelles localisés par la lymphoscintigraphie standard. De façon importante, la MSOT a pu identifier les ganglions non envahis par la tumeur sans aucune erreur (aucun faux négatif), ce qui pourrait dès lors épargner aux patients la nécessité d’une BGS en cas de MSOT négative.
Il existe malheureusement un nombre élevé de cas où les signaux mélanine sont notés alors qu’aucune métastase n’est identifiée (60 % de faux positifs), ce qui pourrait être dû à la présence de pigments de tatouage, d’hémorragie ou d’autres causes. Ainsi donc, la BGS restera essentielle dans les cas de MSOT positif pour exclure l’envahissement. Encore que le taux de faux-positifs pourrait être réduit en utilisant plusieurs marqueurs du mélanome. Les auteurs planifient maintenant une étude multicentrique randomisée pour confirmer ces résultats prometteurs. Cette nouvelle approche d’imagerie non invasive, en excluant l’envahissement du ganglion sentinelle, pourrait éviter la biopsie du GS chez 80 % des patients, précisent les chercheurs.
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