Après Michel-Edouard Leclerc qui a reconnu le 8 janvier que 934 boîtes incriminées par le rappel avaient été écoulées dans ses magasins, l’affaire des laits Lactalis rejaillit sur l’ensemble des acteurs de la grande distribution. L’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO) se saisit de ce « scandale sans précédent » pour pointer l’incapacité de la GMS à sécuriser sa distribution.
La preuve du professionnalisme des pharmaciens. Et en creux, la leçon que les autorités devront tirer de la vente de produits sanitaires dans les supermarchés. La crise des laits infantiles contaminés à la salmonelle fournit aux pharmaciens tous les arguments pour rappeler leur valeur ajoutée dans la distribution sécurisée des produits de santé.
Alors que les 22 000 officines du pays ont immédiatement réagi aux rappels de lots, la quasi-totalité des enseignes de la GMS (Leclerc, Auchan, Carrefour, Intermarché, Système U, Casino) ont fait apparaître des défaillances dans leur système de retrait. Avec pour résultat, la commercialisation de deux mille boîtes de nutrition infantile bien après l’alerte du 21 décembre. Des failles inexcusables, « un bug inadmissible » reconnu par Michel-Edouard Leclerc, tandis que Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture, évoquait « un dysfonctionnement majeur », et rappelait les acteurs de la GMS à leurs responsabilités. Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, a annoncé aujourd'hui avoir convoqué dans la journée les acteurs de la grande distribution. Il entendra demain la direction de Lactalis, entreprise jugée « défaillante » puisque le ministère a dû se substituer à elle en prenant un décret le 9 décembre dernier. De plus, les services de la répression des fraudes procéderont à 2 500 contrôles supplémentaires afin de vérifier que tous les lots suspects ont été retirés de la vente.
Les pharmaciens voient dans ces manquements inexplicables la preuve que la GMS n’est pas en mesure d’assurer la sécurisation de la distribution. Et ce alors même que, souligne l’UDGPO, « l’autorité de la concurrence mène une enquête sur le médicament, avec pour objectif de permettre leur vente en grande surface ».
L’UDGPO qui s’est déjà illustrée dans plusieurs batailles contre la GMS, notamment contre Leclerc, s’interroge une nouvelle fois sur les capacités de ce réseau de distribution. « Comment peut-on imaginer laisser la commercialisation de médicaments à des entreprises qui ne sont pas capables de protéger les plus fragiles ? » martèle Laurent Filoche, son président.
Rappelant que les pharmaciens ont fait la preuve de leur efficacité et de leur professionnalisme lors de cette crise, comme chaque jour, « avec plus de 1 000 alertes sanitaires et retraits de lots traités par an pour les médicaments », l’UDGPO demande à être entendue par l’Autorité de la concurrence. Elle demande également à être reçue à la présidence de la République afin de clarifier la position du chef de l'État sur la pérennité du monopole officinal.
Avec l'AFP.
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