IL EST TROP tôt pour l’affirmer, mais l’allopurinol pourrait protéger du cancer du côlon. C’est ce que suggèrent les résultats d’une petite étude italienne de phase I/II chez 73 patients ayant une polypose adénomateuse rectocolique. L’équipe génoise dirigée par le Dr Andrea De Censi a en effet montré que ce médicament hypo-uricémiant ralentit la croissance des polypes adénomateux. Ces résultats prometteurs en matière de santé publique viennent d’être présentés au 9e Congrès annuel de l’American Association for Cancer Research. Dans cette étude en double aveugle versus placebo, les 73 patients inclus entre 2006 et 2010 ont été randomisés dans l’un des trois groupes : placebo, allopurinol 100 mg ou 300 mg, pendant quatre à six semaines, avant l’exérèse des polypes.
Un marqueur de prolifération tumorale.
Sur les pièces opératoires et du tissu sain prélevé au cours de l’intervention, des chercheurs ont ensuite mesuré un marqueur de prolifération tumorale, le Ki67. Une étude préliminaire avait en effet montré que ce marqueur était diminué de façon marquée chez les patients ayant une polypose rectocolique et traités par allopurinol. Chez les 13 premiers patients, alors que les taux de Ki67 du tissu normal avaient doublé dans le groupe placebo, ils n’avaient augmenté que de 5 % dans les 2 groupes traités par allopurinol. Dans le tissu adénomateux, les taux de Ki67 avaient augmenté de 70 % dans le groupe placebo, par rapport à seulement 6 % pour le groupe 100 mg et 12 % dans le groupe 300 mg.
L’effet de l’allopurinol passerait par l’élimination des espèces réactives de l’oxygène. Les radicaux libres semblent en effet jouer un rôle important dans la carcinogenèse, puisqu’ils activent des processus clefs dans la croissance tumorale et inhibent la mort programmée cellulaire. « À l’heure où les traitements ciblés en oncologie coûtent très cher, il est important de chercher des molécules bon marché pouvant être utilisées en prévention, commente le Dr Andrea De Censi. L’allopurinol a un bon profil de sécurité pour un coût d’environ un euro pour un mois de traitement. »
Dans une analyse intermédiaire menée en novembre 2008, la bonne tolérance ne semble pas remise en question, avec seulement 3 événements indésirables modérés gastro-intestinaux. Si le ralentissement de la croissance tumorale, reflétée par la diminution du Ki67, venait à se confirmer, il y aurait alors un rationnel pour l’effet protecteur dans la cancérogenèse, déjà observé dans une étude épidémiologique israélienne cas contrôle. « Ces résultats sont en faveur d’un large essai testant l’effet de l’allopurinol sur le risque de récidive adénomateuse », propose le Dr De Censi.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques