LA PILULE reste en 2010 la méthode de contraception la plus utilisée en France : une femme de 15-49 ans sur deux l’utilise. Toutefois, l’enquête Fecond, réalisée en 2010 par l’INSERM et l’INED, montre que la proportion de femmes y ayant recours tend à diminuer depuis le début des années 2000. Cette baisse est globalement compensée par l’adoption de nouvelles méthodes hormonales pour 4 % des femmes en 2010. L’implant (disponible en France depuis 2001 et remboursé à 65 % par l’assurance-maladie) représente la méthode la plus utilisée (2,6 % des femmes de 15-49 ans) devant l’anneau vaginal et le patch contraceptif (non remboursés). Les femmes qui n’utilisent pas de contraception sans désir d’enfant restent, aujourd’hui comme hier autour de 3 % (5,1 % des 45-49?ans et seulement 0,9 % des 15-17 ans).
Alerte chez les 20-24 ans.
Dans le détail, le recours à la pilule a diminué de façon différente selon l’âge des femmes. Chez les jeunes de 18-19 ans, la baisse (4,4 %) s’accompagne d’un recours plus fréquent au préservatif et aux nouvelles méthodes hormonales. Chez les femmes de 25-29 ans, cette baisse (5,8 %) est largement compensée par ce recours (6,9 %). Pour Nathalie Bajos, l’une des responsables scientifiques de l’enquête, le « signal d’alerte » vient des jeunes entre 20 et 24 ans pour qui la baisse (10,4 %) n’est qu’en partie compensée par le recours aux nouvelles méthodes hormonales (5,1 %). « En terme de pourcentage, ce chiffre peut ne pas paraître important mais il correspond à un moment donné », souligne la chercheuse au « Quotidien ». Plus qu’une méfiance envers les produits médicamenteux, ce déclin de la pilule serait une conséquence de la situation des jeunes femmes au cours des dix dernières années dont le taux de chômage est passé de 16,5 % en 2000 à 21,1 % en 2010. Le recours à la pilule peut présenter un budget important lorsque les femmes se voient prescrire des marques non remboursées, ce qui est le cas de 42 % d’entre elles aujourd’hui, indique l’enquête. Seulement 43 % des jeunes utilisatrices de pilule en situation financière difficile sont totalement remboursées pour leur contraception. « Il y a un enjeu financier qui persiste et touche les jeunes », commente Nathalie Bajos. Le suivi gynécologique a par ailleurs diminué chez ces jeunes femmes : en 2010, 12,2 % d’entre elles déclarent ne pas avoir de suivi habituel, contre 6,9 % en 2000.
Le stérilet sous-utilisé.
Autre constat de l’enquête : « Le modèle contraceptif français apparaît peu flexible, restant caractérisé par un recours important au préservatif en début de vie sexuelle, l’utilisation de la pilule dès que la vie sexuelle se régularise et le recours au stérilet quand les couples ont eu les enfants qu’ils désiraient. » En dépit des recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) diffusées en 2004 et précisant que le stérilet pouvait être utilisé à tous les âges, que la femme ait eu ou non un enfant, seules 1,3 % des femmes de 15-49 ans sans enfants utilisent le stérilet en 2010, la proportion s’élevant à 20 % parmi celles qui ont un enfant et 40 % pour celles qui en ont deux ou plus. Les raisons de ce faible recours au stérilet chez les femmes sans enfant, « renvoient notamment aux représentations qu’ont les femmes et les professionnels de santé de cette méthode : 54 % des femmes interrogées en 2010 considèrent qu’elle n’est pas indiquée pour une femme n’ayant pas eu d’enfant. Ce pourcentage s’élève à 69 % chez les gynécologues et 84 % chez les généralistes », précise l’enquête. En ce qui concerne la contraception d’urgence, elle reste peu évoquée lors des consultations médicales : 36 % des gynécologues indiquent avoir souvent recommandé cette méthode au cours de la dernière année et 11 % des généralistes.
Le type de suivi médical varie également selon le milieu social avec des conséquences sur le choix de la méthode de contraception. Les ouvrières sont 73 % à être suivies par un gynécologue pour leur contraception contre 82 % des femmes cadres. Les femmes suivies par un gynécologue utilisent moins souvent la pilule que celles consultant un généraliste (48 % contre 70 %), mais ont davantage recours au stérilet (26 % contre 7 %).
Formation des professionnels.
Le choix des méthodes utilisées dépend des attentes des femmes, mais également « des représentations qu’ont les médecins de leur aptitude à suivre les prescriptions ». Alors que les classes privilégiées sont habituellement les premières à s’approprier de nouveaux produits, l’implant contraceptif est plus souvent utilisé par les femmes d’une nationalité d’un pays d’Afrique subsaharienne (23,5 % contre 2,4 % pour les femmes de nationalité française). « Il y a un vrai problème de formation des professionnels de santé », estime Nathalie Bajos pour qui « un seul rapport de la HAS ne suffit pas ». « Les professionnels de santé doivent envisager la diversité des méthodes contraceptives, de manière plus souple et plus adaptée. »
d’un échantillon représentatif de 1 011 médecins généralistes et gynécologues exerçant en cabinet
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