Un effet méconnu de l’antalgique vedette

Le paracétamol, rabotteur d’émotions

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Publié le 20/04/2015

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IL N’Y A pas que l’aspirine pour préserver les secrets de son efficacité, l’autre grande vedette de l’antalgie, le paracétamol, joue parfois aussi la mystérieuse… C’est du côté des émotions que l’acétaminophène (désignation anglo-saxonne) montre aujourd’hui de nouvelles propriétés. Déjà en 2013, des chercheurs canadiens avaient montré que la prise de paracétamol permettait chez des sujets auxquels on avait demandé d’écrire un texte sur leur propre mort, d’atténuer les sentiments négatifs éprouvés. Moins de douleur donc - vocation première d’un antalgique - mais aussi moins d’émotions négatives. S’appuyant sur ce premier constat, des psychologues américains ont voulu aller plus loin. Ils viennent de publier les conclusions étonnantes d’une étude menée sur 82 personnes. À la moitié d’entre elles, ils ont administré 1 gramme de paracétamol, à l’autre, un placebo. Soumis à 40 photos choisies pour leur potentiel évocateur d’émotions (négatives, neutres ou positives), les cobayes devaient noter et qualifier leur ressenti. Résultat ? Les sujets sous paracétamol étaient moins emplis de sentiments négatifs face aux images les plus tristes, mais aussi moins joyeux devant les images les plus gaies que ceux de l’autre groupe. Comme si l’antalgique effaçait la douleur en même temps que les sentiments les plus marqués… Après avoir vérifié que ce n’était pas la capacité à évaluer correctement les extrêmes qui était altérée chez les personnes sous paracétamol, les chercheurs ont avancé une hypothèse : la sérotonine, neuromédiateur de l’humeur bien connu, pourrait être la clé de ce pseudo-effet antidépresseur du paracétamol. Si cette piste se confirme, je ne regarderai plus jamais ma boîte de Doliprane comme avant…

DIDIER DOUKHAN